2. Rappel de la problématique

La socialisation ou régulation sociale concerne l’ensemble des processus qui permettent de tendre vers un équilibre social. L’individu se socialise dans le milieu qui est le sien. Partant, les procédures qu’il va mettre en oeuvre pour se socialiser sont-elles comparables à celles qui lui permettent de s’adapter au milieu ? Afin de répondre à cette question, nous comparerons les compensations mises en oeuvre par un enfant seul face à une situation-problème, aux régulations en jeu dans une situation de groupe.

Nous formulons ainsi notre première hypothèse :

H1 – Lors d’une situation interindividuelle, le sujet utilise des processus de régulation comparables à ceux identifiés dans l’interaction sujet-objet.

Une régulation intersubjective est un système de transformations produit par l’interaction entre deux ou plusieurs sujets. Les régulations intersubjectives hétéronomes correspondraient à un système en équilibre statique, qui ne permettrait pas de construire de nouvelles régulations ou innovations procédurales.

A l’opposé de cela, la coopération ou régulation intersubjective de type coopératif, correspondrait à une ré équilibration constante et à un échange permanent, favorisant l’adaptation réciproque et la création continuelles.

La description de l’évolution de ces régulations intersubjectives permettrait de baliser la progression de l’hétéronomie à la coopération. Ainsi, la régulation sociale peut-elle être définie comme une genèse en paliers d’équilibration qui iraient de l’hétéronomie (régulations exogènes) à la coopération ou autonomie (régulations endogènes), cette dernière permettant la construction de règles comprise par tous ?

Nous formulerons donc notre seconde hypothèse comme suit :

H2 - L’analyse de la nature des régulations intersubjectives permet d’identifier différents paliers d’équilibration dans le fonctionnement des groupes. Ces paliers s’ordonnent génétiquement de l’hétéronomie à la coopération.

D’après une étude du contexte dans lequel vivent les enfants de notre population, nous avons pu identifier des modes d’échange qui pourraient entraîner un fonctionnement hétéronome dans les relations interindividuelles. Peut-on ainsi supposer que les individus ayant des difficultés de socialisation n’auraient pas vécu dans un milieu favorisant suffisamment :

  • les représentations d’actions, dans un premier temps

  • les liens causaux conscients, dans un second temps

Autrement dit, les phénomènes de violence et d’inadaptation tels qu’on peut les rencontrer ne sont-ils pas le fruit de systèmes de relations dans lesquels les équilibrations majorantes n’ont pas leur place ? Dans un tel cas, des sollicitations permettant l’intégration des perturbations venant d’autrui, par le jeu des abstractions ou représentations au niveau de la pensée des relations extérieures favoriseraient la progression des enfants.

Notre troisième hypothèse se formule donc ainsi :

H3 - On peut favoriser l’évolution des régulations intersubjectives et ainsi le passage de l’hétéronomie à la coopération par des sollicitations adaptées.