5.2. Epreuves172

Autour de l’âge de sept ans, l’enfant acquiert la réversibilité logique qui donne beaucoup plus de mobilité à sa pensée et lui permet, en particulier, une décentration progressive mais rapide. En tant que telle, la réversibilité n’est pas mise en évidence par une expérience typique, mais on la rencontre dans toutes les situations expérimentales destinées à cerner une structure particulière. La réversibilité apparaît donc comme une propriété des actions du sujet susceptible de s’exercer en pensée ou intérieurement. Autrement dit, l’activité cognitive de l’enfant devient opératoire à partir du moment où elle acquiert une mobilité telle qu’une action effective du sujet (classer, additionner,...) ou une transformation perçue dans le monde physique (d’une boule de plasticine, d’un volume de liquides,...) peut être annulée en pensée par une action orientée en sens inverse ou compensée par une action réciproque.

Si l’activité cognitive de l’enfant devient opératoire, cela veut dire qu’elle est réversible d’une part, mais qu’elle repose sur des invariants d’autre part. Car une opération est ce qui transforme un état A en un état B en laissant au moins une propriété invariante au cours de la transformation, et avec retour possible de B en A annulant la transformation. Par conséquent, au niveau opératoire, la pensée logique repose sur des invariants, c’est pourquoi l’action de transformation est réversible. Si la transformation opérée sur des liquides, des boules de glaise, des alignements de jetons, modifiait tout à la fois, elle serait sans retour. Une transformation opératoire demeure donc toujours relative à un invariant qui constitue un schème de conservation.

Cela dit, les conservations ne sont pas innées ; elles s’acquièrent. Au niveau des opérations concrètes se constitue donc un ensemble de schèmes de conservation (ou de notions de conservation). Ceux-ci toutefois ne se constituent qu’encadrés et soutenus par une structuration logico-mathématique due aux activités du sujet. C’est pourquoi, dès les opérations concrètes, les schèmes (ou notions) de conservation s’acquièrent en même temps que s’élaborent les structures logico-arithmétiques de classes, de relations et de nombre.

Notes
172.

Voir DOLLE J.-M., 1974 et 1989.