niveau 2 :

les procédures préférentielles sont les abstractions pseudo-empiriques. On observe des oscillations cognitives, des enfants s’appuient tantôt sur des états pour décrire une situation tantôt sur les transformations sans que l’un ne domine sur l’autre.

niveau 3 :

ces enfants s’appuient sur les transformations pour expliquer une situation et raisonnent selon une logique déductive. Par exemple à l’épreuve de conservation des longueurs :

‘« C’est pareil, sauf que vous avez avancé le bâton. C’est la même promenade. »’

De cette façon, nous avons interrogé chaque enfant, individuellement, selon les caractéristiques de la méthode clinique de l’examen opératoire. Nous leur avons donc proposé les six épreuves décrites ci-dessus. Rappelons-les brièvement :

Pour les épreuves infra-logiques :

Pour les épreuves logico-mathématiques :

Cependant, pour certains enfants nous n’avons pas pu proposer la totalité des épreuves, ceux-ci n’étant pas venus aux rendez-vous que nous fixions. Ceci étant, notre objectif n’était pas d’effectuer un diagnostic individuel mais plutôt de repérer, pour chaque épreuve, quelles étaient les procédures ou régulations compensatrices que mettaient en oeuvre les enfants dans une situation donnée. Nous voulions utiliser ces résultats comme point de repère initial pour évaluer par la suite la progression des régulations intersubjectives.

Dans ce qui suit, nous donnons la totalité des résultats qui figurent dans un tableau.

Tableau II : Résultats individuels
Age Enfant CN CM DICH. INCL. SER. CL
8.4 Damien 1 1 1 1 1 1
6.6 Younes 1 1 1 1 1
8.1 Djawel 1 1 1 1 1
6.6 Godmer 1 1 1 1 1
7.1 Yoann 1 1 1 1 1
7.2 Enzo 1 1
7.6 Renald 1 1 1 3 3 1
6.9 Yassine 1 1 1 1
8.4 Ibrahim 1 1 1 1 1 1
6.10 Medhi 1 1 2 1 1 1
8.5 Tanin 1 1 2 3 1
9.1 Françisco 1 1 2 2 1 1
8.2 Nabil 1 1 3 3 1 1
9.10 Aschraf 1 2 1 1 1
8.1 Sofiane 1 2 1 1 1-2
6.1 Enzo 1 2 1 1 1 2
8.2 Nabil 1 2 3 2 1
7.5 Youssef 1 3 2 3
7.10 Ylies 1-2 1 1 1 1-2 1
8.5 Souphiane 1-2 1-2 1-2
9.9 Sonya 1 2-3 2 1 2 1
7.9 Heidi 2 1 1 2 2
9.10 Demir 2 2 1 1-2 2
6.10 Kaiss 2 2 1 2 1
8.2 Farouk 2 2 2 3
Zakari 2 2 3 2 2 3
8.1 Aniça 2 3 2 1 1 2
8.3 Brian 2 3 3 2 1 2-3
9.6 Sofiane 3 1 2 1 2 1
8.4 Ibrahim 3 1 2 2-3 2-3 3
9.7 Khaldoun 3 1 3 3 2 3
7.8 Touati 3 2 1 2 1
7.4 Medhi 3 2 1 2 1
6.6 Nadjim 3 2 2 2 3
7.9 Ramzi 3 2 2 2 2
9.1 Mohamed 3 2 2 2 2 2
9.6 Salah 3 2 2 1 1 1-2
8.11 Mehdi 3 2 2 2 2-3 3
6.7 Cédric 3 3 2 3 3
8.4 Ramzi 3 3 2 2 3 3
9.3 Hamza 3 3 2 1 3 3
8.7 Nidan 3 3 3 3 3 3
8.2 Nabil 3 3 3 2 3 3
9.3 Nicolas 3 3 3 3 3 3
6.10 Fahim 3 3 1-2 3 2 3
6.11 Ydriss 3 3 1-2 3 3 3
8.3 Akin 3 1-2 2 3 2 1-2
8.6 Elyas 3 1-2 2 3 3 3
9.3 Lasfer 3 3 3

Nous avons sérié les résultats des niveau 1 au niveau 3. Bien que nous ne cherchions pas à proposer des diagnostics individuels, nous pouvons noter qu’un bon nombre d’enfants font preuve d’un fonctionnement cognitif de type figuratif dominant, ceci alors qu’ils sont âgés pour certains de sept ans et plus.

Seuls 6 enfants sur 49 ont un raisonnement opératoire avéré, dont 2 sont âgés de moins de sept ans. Ainsi, même si notre population n’est pas homogène concernant l’âge des enfants (6 à 10 ans), ce facteur ne semble pas à lui seul déterminer le fonctionnement cognitif des enfants.

De façon générale, pour cette population, on observe que le raisonnement n’est pas de type opératif dominant pour la grande majorité des enfants, soit 43 sur 49. Ceci irait dans le sens de la confirmation de l’hypothèse que les enfants vivant dans les quartiers sensibles présenteraient des difficultés dans la construction d’un raisonnement qui s’appuie sur les transformations. Pour vérifier cette hypothèse, il conviendrait cependant d’effectuer une étude comparative du fonctionnement cognitif avec une population témoin. Notre propos ici ne consiste pas ici à identifier comment se construit la coopération dans une population normale, mais plutôt à essayer de déterminer comment on peut favoriser sa construction chez des sujets pour lesquels on a pu voir qu’ils fonctionnaient sur un mode hétéronome.