1.2.2011Mesures directes

1.2.2.1011Méthodologie générale et facteurs manipulés

En psychologie expérimentale, le déroulement d’une expérience sur la mémoire comporte trois étapes principales : présentation d’un matériel - délai de rétention - récupération de l’information. C'est le paradigme général des recherches sur la mémoire (Tiberghien, 1991). A chacune de ces étapes de nombreux facteurs peuvent être contrôlés et différentes variables indépendantes manipulées (Underwood, 1983). La diversité des facteurs sur lesquels le chercheur peut jouer entraîne une variation à l'infini des types d'expérimentations.

En règle générale, la variable dépendante sera soit le nombre (ou proportion) de réponses correctes, soit le nombre d’erreurs (souvenir erroné par omission, confusion, ou intrusion), soit le temps de réponse (vitesse d’accès aux représentations stockées).

Le matériel à mémoriser est généralement verbal (syllabes, mots, phrases, textes), ou visuel (dessins sans significations, scènes, visages, matrices). Beaucoup plus rarement, d'autres types de matériel ont été testés pour leur mémorisation comme les actions simples (Cohen, 1981). Claxton (1980) souligne un problème majeur lié à l'utilisation d'un matériel uniquement verbal. Il existe une mémoire expérientielle non-verbale et non verbalisable qui mériterait d'être étudiée.

Au niveau de la phase d'apprentissage, un nombre important de variables indépendantes pourront être manipulées à travers la nature même du matériel. Par exemple, des stimuli verbaux comme les mots peuvent être présentés de façon isolée ou par paires, avec une certaine organisation reflétant une des variables indépendantes du plan expérimental (e.g., différents types de liens entre les deux mots d'une paire, mots isolés appartenant à des catégories sémantiques spécifiques...). Certaines procédures autorisent le sujet à produire lui-même le matériel testé ultérieurement (Jacoby, 1983b).

La présentation varie en fonction de la modalité sensorielle stimulée (visuelle, auditive, tactile, olfactive, gustative), en fonction du support utilisé pour la présentation (e.g., en modalité visuelle, lecture sur papier ou écran, présentation tachistoscopique où les durées sont scrupuleusement contrôlées...). Bien entendu, il est possible de combiner les modalités sensorielles (auditive et visuelle). De plus, il est possible de présenter une information à un seul hémisphère cérébral en stimulant uniquement le champ sensoriel controlatéral (e.g., Juan de Mendoza, 1988).

Un autre aspect important de la présentation concerne le contexte environnant qui peut revêtir des formes multiples, tant du point de vue de sa nature que de sa richesse. Le contexte d'encodage incorpore aussi bien des dimensions de l'environnement externe (cadre spatio-temporel) que des aspects relevant de l'état interne du répondant et des opérations de traitement qu'il est amené à réaliser (Tiberghien et Lecocq, 1983). Les opérations de traitement peuvent être en partie induites par le contenu des consignes (e.g., avertissement sur le test de mémoire futur, description du matériel à mémoriser, suggestion de stratégies...), ou mises en oeuvre spontanément ou volontairement au cours de la prise d'information.

Le choix des différentes durées du processus d'encodage est un dernier aspect primordial des recherches sur la mémoire : durée de présentation des stimuli, nombre de répétitions de chaque item, délai entre deux présentations, délai entre apprentissage et restitution, apprentissage jusqu'à un certain critère de réussite ou en une seule présentation... Le délai entre encodage et restitution et le délai entre les présentations des stimuli peuvent être ou non occupés par des tâches visant à éviter la répétition, facteur crucial pour la mémorisation des données.

La nature de la tâche de mémoire proprement dite est déterminée par les conditions de récupération, la durée du délai entre présentation et restitution, et la nature du matériel testé, sur lesquelles nous nous arrêterons plus longuement.