1.3.4011Subdivision de la Mémoire à Long Terme (mémoire contenu)

1.3.4.1011Notion de représentation

Il est utile de préciser ce que recouvre la notion de représentation lorsqu'on s'intéresse à la mémoire à long terme.

Nous ferons une première distinction, avec Le Ny (1994), entre les représentations non-mentales et les représentations mentales. Les premières sont des objets physiques, comme les tableaux, les signes du langage, les symboles..., qui renvoient à d'autres objets et qui peuvent parfois être traités comme les objets représentés tant ils leur ressemblent. Une représentation est toujours représentation de quelque chose 37. Les représentations mentales ont la même fonction que les représentations non mentales en ce qu'elles se substituent à un objet spécifique, mais elles sont par nature invisibles à l'observateur extérieur (et même parfois au sujet qui les possède) et se situent à l'intérieur du système.

Pour Richard (1990c), les représentations diffèrent des connaissances. Elles sont circonstancielles et s'appliquent à un contexte particulier (tâche) à des fins spécifiques (buts). La construction de la représentation est finalisée par la tâche et la nature des décisions à prendre. Elles sont donc particularisées, occasionnelles, précaires, et transitoires38. Quant aux connaissances, ce sont des constructions permanentes ne dépendant pas entièrement de la tâche à réaliser. Elles sont stockées en MLT et se maintiennent sous la même forme jusqu'à une éventuelle modification39.

La distinction entre représentations et connaissances n'est toutefois pas établie systématiquement et les deux termes sont souvent employés pour désigner le contenu de la mémoire à long terme.

Les représentations proviennent de l'interaction du sujet avec son environnement ; ce sont des représentations de choses (Jouhet, 1993). Elles sont le résultat d'un traitement des informations (extérieures ou non) et ne reflètent pas exactement la structure des éléments auxquelles elles se réfèrent. Ce sont des reconstructions qui sélectionnent, organisent, schématisent, réduisent la réalité, mais sont suffisamment structurées pour garder une certaine constance, permettre la communication interindividuelle et l'adaptation de l'individu à des situations variées. Le processus mnésique se retrouve au sein même de la formation, la modification, la stabilisation et l'utilisation des représentations. Perret (1995) souligne qu'il est préférable de parler de représentations pour éviter une modélisation abusivement localisationniste de la mémoire. Ce point du vue psychophysiologique est à rapprocher de l'approche connexionniste de la mémoire. On ne parlera alors plus d'encodage, stockage, récupération d'informations mais de construction, modification, mise à jour, et utilisation de représentations.

Une caractéristique importante des représentations est qu'elles incluent aussi bien des connaissances que des croyances ou attitudes. Une croyance est une disposition mentale envers un objet social (valeur) ou autre, enracinée dans l'expérience du sujet, qui induit les comportements et peut contribuer à leur explication et à leur prédiction.

Les connaissances et croyances (y compris représentations sociales, stéréotypes, normes et valeurs) peuvent être générales ou spécifiques (Richard, 1990c). Dans le premier cas, elles s'appliquent à des classes d'objets ou de situations, et sont de deux formes (relationnelles : description des objets ou procédurales : organisation d'actions). Dans le second cas, elles s'appliquent à des situations, objets ou actions particuliers qui ont déjà été rencontrés auparavant. En fait, ce sont respectivement des connaissances sémantiques, procédurales et épisodiques (§ 1.3.4.4). Ces connaissances peuvent être vraies ou fausses à l'égard de leur référent, mais cette caractéristique n'est pas pertinente vis-à-vis de leur nature. Comme le souligne Richard, l'important est qu'elles soient stockées en mémoire et qu'elles puissent être utilisées par le sujet. Ainsi, les représentations véhiculées par le milieu socioculturel ou les croyances, même erronées, sont également une forme de connaissance.

La compréhension est le processus qui permet la création de représentations. Les choses ne sont pas représentées telles quelles, mais intégrées, élaborées, interprétées. « ‘Une mémoire propositionnelle sans base expérientielle serait exactement d'autant d'aide pour moi que la définition de la lumière à une personne aveugle’» (Claxton, 1980, p.17).

Notes
37.

Cela réfère à la notion d'intentionnalité.

38.

Elles correspondent aux représentations occurrentes de Le Ny (1985), et aux structures circonstancielles de Ehrlich (1985).

39.

Ce sont les représentations-types de Le Ny (1985), ou les structures permanentes de Ehrlich (1985).