1.3.4.3011Les principes d'organisation de l'information en mémoire

Il est établi que la mémorisation et le maintien de nouvelles connaissances s'appuient sur la structure mnésique pré-existante. Le mécanisme principal responsable de l'organisation en mémoire est l'association sémantique, la relation de signification.

Collins et Quillian (1969) ont proposé que les connaissances sont organisées en mémoire par un réseau associatif constitué de noeuds (concepts) associés à des propriétés, et de liens entre ces noeuds (relations hiérarchisées). La tâche de jugement sémantique est la méthode qui sert à étudier les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du réseau, par exemple en posant des questions comme « est-ce qu'un canari est un oiseau ?» , « les autruches peuvent-elles voler ?» . Le temps de réponse est sensé être un indicateur de la proximité des noeuds du réseau. La question théorique fondamentale est de savoir si la signification d'un mot est représentée par un noeud unique ou si un concept est caractérisé par un ensemble de traits (Schaeffer et Wallace, 1970). Concernant la question sur le canari, la première conception sous-entend une comparaison des deux noeuds « canari» et « oiseau» , alors que la seconde consiste à activer simultanément les deux configurations et à chercher si l'une (canari) englobe les caractéristiques de l'autre (oiseau). Il se trouve que les prédictions des deux modèles sont identiques dans la plupart des cas, en particulier pour les expériences sur la vérification d'énoncés.

La notion de diffusion de l'activation (Anderson, 1983a) représente le mécanisme d'association au sein du réseau conceptuel. Dès qu'un noeud est activé, les noeuds qui lui sont liés sont activés à leur tour. Ce processus d'activation peut être automatique et rapide ou volontaire et lent (Posner et Snyder, 1975). Il rend compte des effets d'amorçage où la présentation préalable d'un mot détermine la vitesse d'une décision lexicale sur un second mot sémantiquement relié (Meyer et Schvaneveldt, 1971). Ce concept permet également de comprendre l'efficacité des stratégies de mémorisation basées sur l'organisation (regroupement des données similaires) et sur l'élaboration sémantique (activation d'associés pour renforcer la trace).

Un grand nombre de modèles sur l'organisation des connaissances en mémoire et sur la nature des représentations se fondent sur la tradition de l'apprentissage verbal et sur l'interpénétration des mécanismes de langage et de pensée. Les théories de l'image mentale conçoivent plutôt un double codage (Paivio, 1969) et les représentations non-verbales « pures» ont reçu moins d'attention. Par exemple, les informations sur la localisation spatiale pourraient avoir un statut particulier en mémoire (Johnson et Hasher, 1987).

Underwood (1983) parle de dimensions de l'organisation plutôt que de principes. Il ne considère pas uniquement l'association sémantique comme mécanisme d'organisation de la mémoire à long terme. Pour lui, les dimensions de l'organisation sont le temps, l'espace, la fréquence, la modalité, l'orthographe, les associations verbales et non verbales, le contexte, et les attributs affectifs de l'information.