1.5.3.3011 Synthèse des approches sur le vieillissement de la mémoire

En résumé, les explications des différences de mémoire dues au vieillissement sont nombreuses et aboutissent à certaines contradictions. Néanmoins, il semblerait que l'hypothèse du déficit de production 57, qui prédit que la performance est détériorée à cause d'une difficulté à mettre en oeuvre des opérations d'encodage (notamment des stratégies) pourtant présentes et opérationnelles, ne soit pas adaptée pour décrire les troubles spécifiques liés au vieillissement (Burke et Light, 1981). En effet, il ne suffit pas d'orienter les sujets âgés sur des stratégies d'encodage ou de récupération, ou encore d'utiliser des tests moins sensibles au comportement stratégique (i.e., la reconnaissance) pour éliminer l'écart qui les sépare des sujets jeunes en terme de performance. C'est pourquoi il est parfois plus approprié de parler de déficits de traitement (Burke et Light, 1981). Pour certains auteurs, la diminution de la mémoire semble provenir d'une modification plus profonde dans les processus de base (contrôlés aussi bien qu'automatiques) nécessaire à l'encodage et à la récupération des informations en mémoire. Notamment, les déficiences semblent se situer au niveau des processus d'encodage et de récupération des informations contextuelles ainsi qu'au niveau des processus impliqués dans le traitement et l'activation des informations sémantiques. Les hypothèses de réduction dans la capacité attentionnelle (diminution des ressources) et du ralentissement des opérations mentales constituent des explications alternatives assez robustes. Enfin, il est utile de considérer les conséquences des sollicitations extérieures (solitude, lieu de vie, perte d'activité professionnelle, maladie...), des changements dans les intérêts et motivations,... lorsque l'on veut définir exactement les raisons de la détérioration mnésique due au vieillissement.

Il faut préciser que l'ensemble des explications des troubles de la mémoire chez la personne âgée est issu de la recherche expérimentale effectuée dans le cadre du laboratoire et associée à un contrôle minutieux des variables sélectionnées. Aussi, est-on en droit de se demander, sans remettre en cause ces résultats, quelle est la portée de chacune des explications dans la vie quotidienne. Par exemple, un grand nombre de travaux mentionnent que les personnes âgées ont des problèmes pour sélectionner les stratégies de mémoire les plus appropriées. Le trouble de mémoire est alors interprété comme un trouble dans le traitement initial des informations. Or, les possibilités laissées au sujet pour gérer son processus de mémorisation dans les expériences de laboratoire sont relativement réduites et les matériels à mémoriser sont souvent peu écologiques ; dans la vie réelle, il se trouve que le sujet n'aura jamais à réaliser ce type de tâche et ne sera pas forcé de s'appuyer uniquement sur ses états internes pour mémoriser les informations. Cette différence fondamentale entre les situations, matériels, et opérations cognitives réalisées au laboratoire et dans la vie quotidienne débouche sur une réelle difficulté de généralisation.

Notes
57.

Cette hypothèse a fréquemment été invoquée pour expliciter les différences de performance chez les enfants.