2.1.2011Métamémoire

2.1.2.1011Définition – modèle de base

Circonscrite au domaine de la mémoire, la métacognition prend le nom de métamémoire (Flavell, 1971).

Flavell et ses collaborateurs (1978, 1979, 1981 ; Flavell et Wellman, 1977) propose un modèle de la métamémoire qui doit être vu comme une description statique des phénomènes ne cherchant pas à préciser comment les connaissances sont utilisées dans des situations spécifiques de mémoire (Noël, 1997). Ils distinguent la sensibilité et les variables de la métamémoire. La sensibilité se réfère à la capacité de détecter les situations qui nécessitent une utilisation de la mémoire et de choisir les moyens les plus adaptés pour une performance maximale.

Les « variables» de la connaissance porte sur l'ensemble des facteurs susceptibles d'influencer la performance de mémoire. L'effet de chaque variable est généralement évalué selon son efficacité relative sur la performance en termes qualitatifs (facilitation / détérioration). Il existe au moins trois types de variables62 :

  • la variable « sujet» touche à la connaissance de son propre système de mémorisation, de ses propres capacités et de celles d'autrui, de leur évolution temporelle éventuelle (changement / constance), des différences inter et intra-individuelles dans la mémoire (Flavell, 1987) ...

  • la variable « tâche» s'adresse à toutes les caractéristiques des situations de mémoire auxquelles le sujet peut faire face (e.g., rappel versus reconnaissance), du matériel à retenir (e.g., les noms, les visages...), des conditions d'encodage et de récupération...

  • la variable « stratégie» concerne la connaissance des procédures disponibles et utiles pour augmenter la chance de mémorisation (e.g., classer ou répéter les éléments d'une liste,...).

Nous avons opté pour une définition plus large que celle de Noël (1997) et plus proche de celle de Flavell ou Nelson et Narens (1994) en incluant l'ensemble des connaissances et des représentations de la mémoire et de ce qui s'y rapporte sous le terme de métamémoire. Il faut préciser que cette acception est de loin la plus répandue dans la littérature. Cependant, il convient de distinguer avec Flavell (1981) les connaissances métacognitives sur la mémoire des expériences métacognitives associées à la mémoire : les premières sont stockées en mémoire et éventuellement activées lors d'une tâche mnésique alors que les secondes émergent d'une réflexion consciente sur les processus en cours ou sur l'état du contenu mnésique à un instant donné. Cette distinction est importante car elle débouche sur plusieurs types d'études des phénomènes métamnésiques, notamment l'examen des connaissances du fonctionnement de la mémoire situées « hors du temps» (Wellman, 1977), l'étude de l'utilisation de ces connaissances à travers les comportements observables, et l'étude de gestion et de contrôle des opérations mnésiques en cours. (contrôle de l'exécution d'après le terme plus général de Richard et Hoc, 1990 ou encore memory monitoring d'après Brown, 1978, Hart, 1965, 1967 ou Nelson et Narens, 1994).

Pour Flavell, la métamémoire sera utilisée prioritairement quand la connaissance sur la mémoire a des implications sur la relation entre un état présent et un état-but désiré. La notion de but implique que certaines dimensions motivationnelles activées à un moment donné (priorités personnelles) détermineront l'utilisation de la métamémoire. Ainsi, les connaissances sur le fonctionnement de la mémoire seront principalement activées et utilisées dans les situations d'encodage ou de récupération intentionnels de l'information.

Le modèle général de la métacognition proposé par Nelson et Narens en 1994 (présenté p. 208), peut être adapté à la métamémoire. Au niveau de l'objet, se situent les opérations mnésiques en jeu dans une variété de situations. Au méta-niveau, se trouve la connaissance de ces opérations. Il faut distinguer ici le modèle général que le sujet se construit sur le fonctionnement de la mémoire en général et de sa propre mémoire – ce modèle comporte la sensibilité et les variables telles que Flavell les a définies – et les connaissances acquises via la surveillance des processus en cours. La relation de contrôle du méta-niveau sur les opérations mnésiques se conçoit comme l'action que peut exercer le sujet en retour sur ses propres comportements de mémorisation (allocation du temps d'étude et des efforts, sélection d'une stratégie...).

La métamémoire donne lieu à deux sortes d'activités qui seront considérées successivement : les activités de jugement et les activités de contrôle. Avant d'entrer dans le détail de ces activités liées à la métamémoire, nous allons examiner d'abord l'origine scientifique du concept, puis l'hypothèse forte qui lui est implicitement ou explicitement rattachée.

Notes
62.

Un quatrième type de connaissance serait issu de l'interaction entre les trois variables (Flavell, 1987).