2.1.2.3011Hypothèse forte de la métamémoire

L'apparition du concept de métamémoire dans le champ de la psychologie du développement et son impact supposé sur l'évolution des compétences mnésiques a conduit à une hypothèse générale concernant les relations entre connaissance et performance. Cette hypothèse pose qu'une meilleure métamémoire s'accompagne d'une meilleure performance. En d'autres termes, si le sujet a acquis une connaissance adéquate et structurée du fonctionnement de la mémoire, il parviendra mieux à résoudre les problèmes de mémorisation.

Formulée en termes plus généraux, cette hypothèse énonce qu'à compétences égales, un sujet qui a une meilleure appréciation de sa compétence cognitive parviendra à une performance supérieure à celle d'un sujet qui en a une mauvaise appréciation (Richard, 1990b, à propos du modèle de gestion des intentions). Ce sont les comportements de gestion et de contrôle qui induisent les écarts de performance. Pour la mémoire, on peut suivre un raisonnement identique : un sujet qui possède une connaissance adéquate de sa capacité mnésique parvient à une meilleure performance mnésique qu'un sujet qui ne connaît pas ses capacités alors que leurs compétences respectives sont semblables (Brown, 1978). Cette hypothèse pourrait contribuer à l'explication d'une partie des différences individuelles dans les tâches de mémoire : dans certains cas, la différence entre les sujets pourrait provenir de la manière dont ils gèrent leurs processus mnésiques plutôt que d'aptitudes différentes.

Une analyse de la littérature et de ce qui a été précédemment exposé au sujet du développement de la mémoire suggère que la démonstration de cette hypothèse, aussi simple qu'elle paraisse, ne va pas de soi. A titre d'illustration, nous considèrerons une observation développementale qui échoue à mettre en évidence une telle relation. Il ne fait aucun doute que différents types d'opérations de mémoire apparaissent à des moments distincts du développement de l'enfant. Par exemple, les capacités de rappel libre s'améliorent nettement avec l'âge alors que les capacités de reconnaissance sont efficientes dès le plus jeune âge (Brown, 1975). Or, même si les jeunes enfants sont capables d'atteindre le niveau de performance des adultes en reconnaissance, il ne sont pas nécessairement capable d'exprimer la difficulté relative du rappel par rapport à la reconnaissance. De même, les adultes ne sont pas conscients de leurs réelles compétences en reconnaissance (sous-estimation). Les enfants très jeunes ne sont pas conscients des mécanismes de la reconnaissance bien qu'ils possèdent de fortes compétences.

Aussi, faut-il envisager une distinction (voir discussion de Noël, 1997) entre :

Dans ces conditions, la qualité de la métamémoire devient un des déterminants de la performance qui interagit avec un certain nombre d'autres variables relatives à la tâche, à la situation et aux caractéristiques de l'apprenant.

Pour conclure ce paragraphe introductif, nous allons considérer les concepts de la psychologie cognitive permettant d'aborder les différentes manifestations de la métamémoire.