2.2.5.2011Indicateurs des décisions d'action

Le contrôle du sujet sur son apprentissage est le fruit de décisions prises suite à l'évaluation active de la tâche et de la capacité personnelle (monitoring). Le sujet peut par exemple estimer la difficulté relative des items à apprendre et décider de porter plus d'attention aux éléments jugés plus difficiles afin d'optimiser sa performance future. De même une forte impression de connaître la réponse à une question entraîne une décision de maintenir l'effort recherche. Dans la plupart des cas, des données chronométriques permettront au chercheur de déceler la présence de telles décisions régulatrices.

Les recherches qui s'intéressent à l'allocation du temps d'étude ou des efforts laissent le sujet libre de choisir les items qu'il estime devoir sélectionner pour une révision optimale (Masur, McIntyre et Flavell, 1973). La durée de révision sera brève pour les items jugés « appris» (« je connais déjà cette information, je m'en souviendrai» ) ; les items mal connus nécessiteront un traitement supplémentaire (« je ne connais pas cette information et j'ai besoin de m'arrêter un plus longuement sur elle» ). Lorsque le plan expérimental prévoit plusieurs essais de tests, il est possible d'analyser quels items font l'objet d'un traitement supplémentaire à l'essai t en fonction de la performance au test t-1 ou en fonction de l'évaluation de facilité au temps t-1.

Dans le paradigme de la préparation au rappel (recall readiness), les sujets apprennent un matériel pendant la durée de leur choix jusqu'à ce qu'ils se sentent capables de retrouver parfaitement cette information. La longueur du délai est fonction de la persistance des activités d'apprentissage et/ou de révision et traduit la latence de la décision d'arrêt de ses activités.

Au cours des tâches de mémoire, les latences de réponse sont également indicatrices de la persistance du sujet dans la tâche, des efforts déployés et des décisions de poursuivre ou d'arrêter la recherche.

Enfin, le contrôle du sujet sur ses mécanismes mnésiques s'exerce au cours de la récupération par la décision de fournir ou non une réponse candidate. L'évaluation de la plausibilité de la réponse et les contraintes d'exactitude fixées par les consignes ou par le sujet lui-même sont des facteurs déterminants de la décision. Koriat et Goldsmith (1996b) ont mis au point une méthodologie permettant d'évaluer la contribution de ces facteurs dans les mécanismes de récupération. Dans une première phase de la procédure, le sujet doit impérativement donner une réponse pour chaque question posée (option de réponse forcée) puis évaluer la certitude attachée à cette dernière (monitoring). Dans une seconde phase, les questions sont reprises une par une et le sujet a le choix de donner ou non une réponse (option de réponse libre). Cette procédure permet d'estimer, pour chaque individu, le critère de réponse au delà duquel la réponse est considérée comme convenable. Elle a été mise en place notamment pour évaluer les effets des exigences d'exactitude, du type de test, de la qualité de l'évaluation subjective sur la performance. Il importe pour Koriat et Goldsmith de distinguer deux conceptions de la performance mnésique (§ 1.2.1) : le plus souvent, la performance est conçue comme le nombre d'éléments initialement présentés au sujet et correctement rappelés lors du test de mémoire. La mesure de la performance est égale au pourcentage de bonnes réponses calculé sur l'ensemble des items à retenir. Toutefois, une seconde conception, qui semble plus adaptée aux situations courantes de mémoire (e.g., témoignage oculaire), consiste à évaluer l'exactitude ou la fiabilité de la mémoire en se basant uniquement sur les réponses effectives du sujet. La performance est alors égale au pourcentage de bonnes réponses calculé sur le nombre total de réponses données par le sujet. Le contrôle exercé par le sujet sur ses mécanismes d'accès aux souvenirs affecte différemment les aspects d'exactitude et de quantité.