2.3.2011Pistes de modélisation

Tableau II. 4 : Différentes pistes de modélisation de la métamémoire (entre parenthèses, parties du présent travail où sont traitées les différentes approches).

Objectifs Exemples de recherches


Approche


statique

1. comprendre et décrire le concept de métamémoire (§ 2.3.3)
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2. proposer des outils d'évaluation fiables
(§ 2.3.3.3 et 2.3.3.4)
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3. étudier les différences individuelles
(§ 2.4)

1. Fort (1997) ; Hertzog, Dixon, Schulenberg et Hultsch (1987) ; Hertzog, Hultsch et Dixon (1989)
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2. Dixon et Hultsch (1984) ; Fort (1997, 1998) ; Gilewski, Zelinski et Schaie (1990)
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3. Dixon et Hultsch (1983b) ; Fort (1999) ; Loewen, Shaw et Craik (1990) ; Sunderland, Harris et Baddeley (1983) ; Bennett-Levy et Powell (1980










Approche


dynamique

1. étudier le lien entre contenu / qualité de la connaissance et performance :

a. validité prédictive de l'auto-évaluation
(§ 2.3.4.1)


b. niveau de connaissance, niveau de performance et stratégies (§ 2.3.4.2

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2. améliorer les performances mnésiques via l'entraînement stratégique (§ 2.3.4.2)
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3. déterminer les bases des jugements et modéliser leur validité

a. déterminants du monitoring (§ 2.3.5.2)

b. conditions de validité des jugements

c. étude des facteurs qui influencent les jugements et la performance (§ 2.3.6.2)

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4. établir les liens entre monitoring et régulation de la mémoire (§ 2.3.5.5)

1.


a. Bennett-Levy et Powell (1980) ; Dixon et Hultsch (1983a) ; Leal (1987) ; Sunderland, Harris et Baddeley (1983) ; Zelinski, Gilewski et Thompson (1980)
b. Andreassen et Waters (1989) ; Cavanaugh et Borkowski (1980) ; Voelker, Carter, Sprague, Gdowski et Lachar (1989) ; Wang (1990)
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2. Pressley, Borkowski, O'Sullivan (1985) ; Rebok et Balcerak (1989)
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3.


a. Koriat (1997) ; Nelson, Gerler et Narens (1984) ; Reder et Ritter (1992)
b. Dunlosky et Nelson (1997) ; Koriat (1995) ; Izaute, Larochelle, Morency et Tiberghien (1996)
c. Hertzog, Dixon et Hultsch (1990) ; Lachman, Steinberg et Trotter (1987) ; Cavanaugh et Poon (1989)
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4. Son et Metcalfe (2000) ; Mazzoni (1999) ; Koriat et Goldsmith (1996b)

L'étude de la métamémoire se subdivise en deux grandes orientations (Tableau II. 4). La première, que l'on pourrait qualifier de descriptive ou statique, consiste à découvrir les représentations des sujets sur le fonctionnement de la mémoire en général ou de leur propre mémoire en particulier ; c'est en quelque sorte l'étude des théories naïves des individus. Ce type d'approche permet la confrontation des représentations avec des modèles théoriques de la mémoire. Déterminer l'exactitude et la pertinence des connaissances subjectives peut revêtir un intérêt psychosociologique (« les gens pensent que la mémoire fonctionne de telle ou telle manière» ), différentiel (« les sujets x pensent que ... alors que les sujets y croient que...» ) ou clinique (« telle personne croit que x ; cela peut expliquer son comportement» ). Cet axe descriptif intègre les études qui tentent de déceler les dimensions constitutives du concept de métamémoire à partir de questionnaires. Généralement, le sujet est invité à s'auto-évaluer ou a donner son avis sur une série d'items faisant référence à des situations mnésiques quotidiennes.

Le modèle des variables de Flavell et collaborateurs et les analyses psychométriques plus récentes de questionnaires d'auto-évaluation sont des exemples de ce premier type de modélisation. Cette approche, en plus de définir ce que recouvre exactement la notion de métamémoire, vise la construction d'outils d'évaluation pertinents et valides (psychométrie).

La seconde orientation de recherche est plus ambitieuse car elle cherche à expliquer véritablement les interrelations entre métamémoire (savoir) et performance mnésique (comportement). Nous qualifierons cette approche de dynamique. Celle-ci peut se matérialiser de différentes façon : soit en mettant en relation des mesures de connaissance et de performance indépendamment évaluées (e.g., un questionnaire de métamémoire et une tâche de rappel), soit en mettant en relation des mesures simultanées de mémoire et de métamémoire. Dans ce deuxième cas, on demande au sujet d'émettre des jugements sur le contenu de sa mémoire alors même qu'il doit résoudre un problème de mémoire (memory monitoring, § 2.2.4). D'autres études cherchent à évaluer les liens entre connaissance et performance en introduisant une nouvelle connaissance (entraînement stratégique) et en évaluant l'impact de cette intervention sur le comportement mnésique futur (maintien et transfert de la stratégie). La mesure de la performance comporte deux éléments essentiels, l'un quantitatif et l'autre qualitatif : l'efficience de la mémoire ou le nombre d'éléments correctement assimilés, d'une part, et les opérations de traitements mises en oeuvre par le sujet, d'autre part. Ces dernières constituent des indicateurs des processus exécutifs de contrôle et de régulation mis en jeu lors de la résolution du problème (§ 2.2.5).

Dans son introduction sur les questionnaires de métamémoire et le vieillissement, Dixon (1989) présente trois postulats dans la recherche sur la métamémoire qui peuvent s'apparenter à notre distinction en deux approches. La première idée, celle de validité discriminante, postule que la métamémoire est une construction psychologique indépendante et distincte d'autres constructions comme l'intelligence cristallisée, l'estime de soi, ou la métacognition... L'idée de validité de convergence suppose que des dimensions ou facteurs contribuent simultanément à un même construct cohérent, celui de métamémoire. Enfin, la supposition de validité prédictive se manifeste par trois phénomènes : la causalité (hypothèse de la relation causale entre métamémoire et mémoire), la bidirectionnalité (relation réciproque entre mémoire et métamémoire) et la pertinence écologique (la métamémoire contribue à l'efficacité cognitive dans les situations quotidiennes). Alors que les deux premières idées conviennent à une approche dite descriptive, la dernière se caractérise par sa tendance explicative. Ces axes doivent être développés en parallèle pour saisir le concept de métamémoire dans son intégralité. Or, nombre de recherches ont privilégié l'un ou l'autre des objectifs préconisés par Dixon et l'une ou l'autre des diverses dimensions qui contribuent au concept de métamémoire.