2.3.3011Les modèles « statiques» – définir le construct de métamémoire

2.3.3.1011Généralités

En 1979, Jenkins avait proposé un modèle tétraèdre qui énumérait quatre classes de variables à prendre en compte dans toute expérimentation sur la mémoire : les tâches d'orientation - c'est-à-dire les activités que le sujet est sensé réaliser et qui sont le plus souvent induites par les consignes ou par ses propres objectifs - le matériel et ses modalités de présentation, les tâches critères ou tests de mémoire et les sujets. Cette dernière variable justifie la nécessité de prendre en considération les différences interindividuelles lorsque l'on s'intéresse au fonctionnement de la mémoire (capacité de mémoire, niveau de connaissances, motivations...). En proposant ce cadre d'analyse des phénomènes mnésiques, Jenkins reprenait les connaissances de base supposées constituer la métamémoire individuelle (Flavell et Wellman, 1977).

Le premier modèle de la métamémoire, développé par Flavell et ses collaborateurs, avait pour objectif de décrire la nature des connaissances à regrouper sous le concept de métamémoire. C'est ainsi que Flavell et Wellman identifient les variables « sujet» , « tâche» et « stratégie» comme champs principaux de connaissance sur la mémoire. La connaissance de la mémoire par le sujet naïf porterait donc sur l'ensemble des facteurs susceptibles d'influencer le fonctionnement de la mémoire. Il est utile de considérer l'interaction entre les trois types de connaissances pour rendre compte de la complexité des situations de mémoire et de leurs représentations. Par exemple, une stratégie de mémoire peut être plus adaptée qu'une autre pour réussir une certaine tâche et paraître d'un niveau de difficulté différent entre deux individus. L'étude de l'organisation de la connaissance des stratégies a reçu un intérêt particulier car elle fait la liaison entre métamémoire et processus exécutifs de gestion et de contrôle du système (Pressley et al., 1985 ; Huet et Mariné, 1997).

Certains auteurs ont proposé d'ajouter au modèle de la métamémoire d'autres catégories de phénomènes sur lesquels peut porter la connaissance des individus et qui jouent un rôle dans la mémoire : les contextes dans lesquels s'exerce la mémoire, les facteurs qui atténuent la performance... (Paris, 1978, cité dans Cavanaugh et Perlmutter, 1982). La liste des domaines de connaissances pourrait sans doute s'allonger encore, mais il ne semble pas qu'une telle vision taxonomiste de la métamémoire soit suffisante pour aborder le sujet dans toute son ampleur.

Une alternative à la simple description des domaines ou variables de la connaissance consiste à rechercher les dimensions qui sous-tendent le concept de métamémoire. A cette fin, des questionnaires d'auto-évaluations sont utilisés. Cette approche permet de déceler, à partir des matrices de corrélations entre les items et les groupes d'items, une organisation dans les dimensions qui composent la construction théorique de métamémoire. Nous aborderons tout d'abord une perspective originale destinée à la mise en évidence des dimensions de la métamémoire (Fort, 1997, 1998) ; nous nous tournerons ensuite vers les résultats de recherches plus « classiques» .