2.3.6011Modélisation multidimensionnelle : prise en compte de la complexité

Les données obtenues dans le cadre des études sur les relations entre mémoire et métamémoire montrent que les savoirs métacognitifs ne constituent pas de parfaits prédicteurs de la performance et de la régulation du comportement. L'hypothèse forte de la métamémoire se trouve mise en échec si l'on tient à ne considérer que les aspects cognitifs de la mémorisation et du contrôle du système mnésique. Une approche alternative, qui ne remet pas en doute l'existence et le rôle de la métamémoire, consiste à intégrer dans le modèle des relations entre mémoire et métamémoire, des facteurs intermédiaires de nature conative comme « les croyances attributionnelles sur les causes de réussite et d'échec, les motivations, le sentiment d'auto-efficacité» (Huet, Mariné et Escribe, 1994, pp. 275-276). La connaissance de la mémoire peut être correcte mais non-reliée au comportement mnésique du fait de leur intervention. Ces variables sont susceptibles d'interagir avec la métacognition en jouant un rôle dans l'activation des connaissances métacognitives, l'auto-évaluation et la régulation de l'activité mentale. En effet, la régulation de l'activité repose largement sur les processus motivationnels et attributionnels (Hertzog et Dixon, 1994 ; Koriat et Goldsmith, 1996b ; Mazzoni, 1999). De plus, le construct de métamémoire englobe des composantes de personnalité (estime de soi, dépression, locus de contrôle), d'affect (anxiété), de motivation (besoin de réussite, auto-efficacité perçue) et d'attribution (théories naïves, explications de la réussite et de l'échec) fortement interdépendantes (Bandura, 1989 ; Hertzog et al., 1987, 1989). Comme elles sont amplement présentes dans la vie quotidienne, la prise en compte de ces dimensions est recommandée par les approches écologiques du fonctionnement de la mémoire.

Principalement, trois sous-disciplines de la psychologie apportent les concepts indispensables pour une intégration des variables non cognitives dans la modélisation de la métamémoire : la psychologie de la personnalité, la psychologie sociale et la psychologie différentielle. La première et la seconde fournissent les concepts-clés pour comprendre l'organisation du psychisme en termes de traits stables et les phénomènes de motivation et d'attribution. La troisième met en évidence des dimensions qui permettent de distinguer les individus selon leurs modes d'appréhension et de traitement des informations (styles cognitifs et personnalité).

Dans cette partie, nous allons passer en revue quelques études visant à préciser les relations qu'entretiennent certaines variables conatives et la métamémoire89.

Notes
89.

Certaines de ces variables ont déjà été abordée au paragraphe 1.5.2.3. à propos de leur effet différentiel sur la performance.