2.3.6.2011Auto-efficacité, jugements prédictifs (monitoring) et performance

2.3.6.2.1011Auto-efficacité et prédiction de performance

A notre connaissance, rares sont les recherches à s'être penchées sur les relations entre croyances d'auto-efficacité ou attributions causales de la performance mnésique et jugements métacognitifs du type FOK, JOL, EOL (approche des bases et de la validité des jugements ; § 2.3.5). Par contre, quelques études ont abordé la question à travers le paradigme de prédictions globales de la performance. Ces travaux s'intéressent en outre aux effets de l'âge sur les relations entre mémoire et métamémoire.

Hertzog et al. (1990) présente un modèle où l'auto-efficacité mnésique, opérationnalisée par les échelles de questionnaires classiques de métamémoire (échelles « capacité» et « changement» du MIA et « fréquence d'oubli» du MFQ), influence la première prédiction de performance dans une tâche à trois essais d'apprentissage. Avec une expérience limitée ou une simple description des tâches de laboratoire, les sujets tendent à émettre des prédictions qui ne sont pas liées à leurs performances mais à leurs croyances d'auto-efficacité. Les prédictions aux essais suivants sont par contre influencées par le niveau de performance à l'essai précédent. Avec l'expérience de la tâche et le feed-back fourni par une première épreuve de mémoire, les bases de la prédiction se modifient et les jugements deviennent plus exacts. Ces données nous évoquent les réflexions de Koriat (1997) sur les indices utilisés dans l'émission des jugements : l'expérience passée influence la validité des jugements.

Le modèle de Hertzog et al. (1990) comporte également un facteur d'efficience mnésique verbale qui influe directement sur le facteur d'auto-efficacité ; cette relation montre que l'auto-efficacité dérive de l'expérience antérieure du succès et de l'échec.

Lachman et al. (1987) avaient obtenu des résultats similaires dans une étude où étaient relevées simultanément des données conatives (dépression, locus de contrôle et attributions) et des données de prédiction et de performance mnésique (listes de 10 mots) au cours de deux essais successifs. Les auteurs constatent que la première prédiction est uniquement fonction de l'internalité du locus de contrôle, suggérant l'existence d'une dimension d'auto-efficacité : les sujets avec des croyances de contrôle interne plus fortes font des prédictions plus élevées de performance. La performance au premier essai est liée à la première prédiction et à l'âge des sujets (il s'agit d'un échantillon de sujets âgés de 61 à 89 ans). Comme les sujets se surestiment, les prédictions tendent à être plus faibles au second essai. Toutefois, cette diminution de la prédiction dépend du niveau de performance et des attributions faites au premier essai : les sujets qui obtiennent de meilleurs scores et qui attribuent leur performance à des facteurs internes et stables maintiennent leur niveau d'efficacité perçue et réel alors que les sujets moins efficients et moins internes dans leurs attributions font des prédictions plus basses et ont effectivement une moindre performance au second essai.

Ces deux études nous montrent que les prédictions globales de performance pourraient refléter l'auto-efficacité personnelle pour réaliser la tâche. Elle indique également que la connaissance de la tâche et l'expérience effective (et non pas une simple description) sont des facteurs importants pour l'exactitude de la métamémoire. En l'absence d'expérience, les jugements reflètent des connaissances et croyances générales.