Chapitre 3011Synthèse de la problématique et hypothèses de recherche

Dans ce chapitre, nous allons faire émerger les questionnements issus de l'examen de la littérature et présenter les hypothèses de travail qui ont motivé nos travaux. Le thème fédérateur de nos recherches est celui de la mémorisation volontaire. Est-il possible qu'une personne puisse agir efficacement sur la qualité de son processus de mémorisation ? Cette question peut s'élargir à plusieurs autres : quelles sont les données qu'il prend en compte pour agir efficacement sur sa mémoire ? comment s'y prend-il ? quelles sont les causes d'un éventuel échec ? Comment évalue-t-il la qualité de sa performance ?...

Il est bien évident que la plupart des activités quotidiennes de mémoire se déroulent en dehors du champ de la conscience et de la volonté. En effet, la mémoire est impliquée dans l'ensemble des comportements individuels et son utilisation n'est alors pas intentionnelle : elle intervient comme outil, pour reprendre le terme de Jacoby et al. (1989) dans la réalisation d'une variété de tâches qui ne mettent pas d'ailleurs nécessairement en jeu les mécanismes cognitifs de haut niveau.

Toutefois, dans un certain nombre de situations, la mémoire est soit inspectée soit utilisée consciemment. C'est notamment le cas dans les situations d'apprentissage scolaire, de mémoire prospective (se souvenir de faire les choses dans le futur) et dans la recherche d'informations spécifiques en mémoire, suite par exemple à une question posée par un interlocuteur. Au cours de ces activités, le sujet prend conscience du fonctionnement de sa mémoire et peut éventuellement en détecter certaines régularités. Il acquiert également des connaissances en observant les personnes de son entourage.

L'acquisition d'une connaissance des mécanismes et déterminants de la mémoire introduit la notion de métamémoire. En d'autres termes, le sujet construit un modèle de fonctionnement de sa propre mémoire. Cette connaissance spécifique sera utilisée en retour pour gérer et contrôler le bon déroulement des opérations mnésiques. Aussi, la métamémoire a-t-elle plus de chance d'être mise en oeuvre dans les tâches où un objectif mnésique est clairement déterminé. Par ce raisonnement, nous aboutissons au concept-clé d'encodage intentionnel de l'information.

Nos recherches s'orientent selon trois grandes pistes qui seront successivement abordées dans ce chapitre sous forme d'hypothèses et développées dans les quatre chapitres suivants :