3.2011La mémorisation intentionnelle en laboratoire

3.2.1011Que faut-il attribuer au concept de mémorisation intentionnelle ?

Les nombreux travaux menés dans le domaine de la mémoire nous révèlent que l'intention, en soi, n'est pas un bon déterminant de la performance. En effet, il apparaît que la qualité des opérations d'encodage (profondeur de traitement ; Craik et Tulving, 1975) et leur adéquation avec les opérations de récupération (spécificité de l'encodage ; Tulving et Thomson, 1973), sont de bien meilleurs prédicteurs du niveau de performance. Si, dans une expérience de laboratoire, nous comparons la performance d'un groupe de sujets qui doit explicitement mémoriser le matériel avec celle d'un groupe qui doit réaliser une autre tâche lui permettant de mettre en oeuvre une élaboration suffisante des informations, nous ne trouverons pas de différence dans la qualité de la mémoire (§ 1.4.3.2.b.). La robustesse de telles observations a conduit, d'après nous, à sous-estimer le rôle du sujet sur son processus d'apprentissage ainsi que l'existence de différences individuelles dans la capacité à agir efficacement sur ce processus.

Nous suggérons que dans l'encodage intentionnel, le sujet peut ou non mettre en oeuvre de façon volontaire les opérations qui détermineront une performance optimale en se basant sur la connaissance qu'il possède sur les lois et régularités du fonctionnement mnésique et surveillant son propre apprentissage. L'intention devient alors un facteur déterminant dans la mesure où le sujet est lui-même à l'origine du choix des opérations de traitement efficaces et de la construction d'un plan de récupération prenant en considération les exigences des tâches. Dans ce contexte, il est intéressant d'envisager l'existence de différences inter-individuelles dans les processus de gestion et de contrôle de la mémoire. Nous pensons plus spécifiquement aux effets que pourrait avoir le vieillissement sur les activités destinées à améliorer la performance mnésique.