3.3011probleme de la validité écologique

La difficulté majeure inhérente aux théories de la mémoire fréquemment discutée par un ensemble de psychologues cognitivistes (Neisser, 1978 ; Baddeley, 1988) est son manque de portée pratique ou de validité écologique. A travers le contrôle expérimental, l'effet de toutes les sources de variations indésirables se trouve neutralisé afin d'examiner uniquement l'effet « pur» des seules variables indépendantes qui paraissent pertinentes. Parmi les sources de variation jugées indésirables, on remarquera plus particulièrement (Nelson et Narens, 1994), les stratégies individuelles (atténuées en orientant le traitement à effectuer sur les données), et les décisions sur le temps nécessaire d'encodage (atténuées en imposant des délais de présentation du matériel)...

Une piste à suivre, si l'on souhaite saisir toute la complexité des phénomènes, consiste à explorer le fonctionnement de la mémoire dans la vie de tous les jours, dans des situations écologiquement plausibles. Non seulement ce type d'études arrive à des conclusions différentes de celles de la recherche classique et débouche sur de nouveaux concepts, mais il permet d'agir efficacement en retour sur le terrain. Nous ne comptons pas remettre en question les études de laboratoire, mais souhaitons, comme la plupart des chercheurs qui ont choisi cette voie, rendre la recherche plus adaptée à la compréhension des mécanismes naturels de la mémoire et aux interventions de terrain. Comme l'ont souligné Koriat et Goldsmith (1996a), les deux approches ne sont pas incompatibles. Elles se distinguent essentiellement sur trois points (§ 1.1.3.2.) : l'objet d'étude à décrire ou expliquer (phénomènes naturels de mémoire versus recherche de lois générales), le matériel utilisé (éléments à mémoriser plus ou moins complexes) et le contexte de la recherche (laboratoire versus environnement naturel). Toutefois, il est possible de concilier les deux approches en adoptant la rigueur méthodologique classique et en tenant compte de la complexité naturelle des tâches, des individus et des matériels.