4.2.2.1011Spécificité des étudiants

La recherche en psychologie a toujours affronté le problème du choix d'étudiants comme sujets d'expérience (voir Nelson et Narens, 1994, pour un point de vue positif). Ce problème est grave lorsque la recherche se veut écologique dans la mesure où l'échantillon ciblé n'est lui-même pas représentatif de la population globale dont on souhaite dresser le portrait. En ce qui concerne la question de l'utilisation de la mémoire dans la vie quotidienne, il est clair que la population estudiantine possède des caractéristiques très particulières. Harris (1980) a réussi à montrer l'existence de différences d'utilisation (rapportée) de stratégies de mémoire par un groupe d'étudiants et un groupe de femmes au foyer.

Il était tout aussi important d'éviter d'interroger des professionnels ou des étudiants avancés dans le domaine de la psychologie, car nous nous serions heurtée au problème tout aussi épineux de la déformation des représentations liée au champ d'activité et au niveau d'expertise101.

Nous pensons avoir réduit la difficulté liée au choix de l'échantillon en nous adressant à des personnes d'âge moyen, engagées dans des activités familiales et professionnelles, bien qu'étudiantes. En fait, seulement 15% des sujets n'ont pas d'activité professionnelle, soit qu'ils recherchent un emploi ou qu'ils aient le statut d'étudiant.

Les sujets dits « étudiants-travailleurs» présentent en outre l'avantage d'avoir peu de connaissances dans le domaine de la psychologie cognitive, ce qui laisse supposer que les réponses fournies sont suffisamment naïves pour refléter leurs représentations et leurs connaissances spontanées, basées sur leur expérience quotidienne.

Notes
101.

Voir l'étude de Park, Smith et Cavanaugh (1990) qui ne présente pas de déformations excessives de la métamémoire (utilisation de stratégies) chez les spécialistes de la mémoire.