4.3.1011Représentation globale de la mémoire

4.3.1.1011Définition

Cinquante-sept sujets ont donné une définition exploitable de la mémoire. Dans un premier temps, nous avons cherché à extraire de ce corpus les éléments relatifs aux différents processus de la mémoire tels que définis en psychologie cognitive : encodage - stockage - récupération. Nous avons également considéré le nombre de sujets produisant le terme « passé» dans leurs définitions (annexe 4.3).

message URL FIGURE14.gif
Figure 4. 1 : Définition de la mémoire : relations entre les processus d'encodage, de stockage et de récupération et la notion de « passé» . Données obtenues chez 57 sujets et 103 réponses. Les chiffres indiquent le nombre de sujets concernés pour chaque association.

Il apparaît, sur les 103 réponses répertoriées (en moyenne 1,81 par sujet), que l'aspect de la récupération domine sur celui de l'encodage et celui du stockage. Les références au passé dépassent légèrement celles d'entrée et de maintien dans le système (figure 4.1). En fait, cette notion de passé intègre indirectement celle d'encodage (i.e., l'encodage a eu lieu au cours d'un épisode antérieur).

Un seul sujet (dont les données n'apparaissent pas dans la figure 4.1) mentionne les quatre thèmes simultanément. Près de la moitié de l'effectif (40,35% des sujets) donne une définition incluant deux des quatre éléments sélectionnés pour l'analyse.

message URL FIGURE15.gif
Figure 4. 2 : Définition de la mémoire : contenus de la mémoire. Données obtenues chez 42 sujets et 70 réponses. Les chiffres indiquent le nombre de sujets concernés pour chaque association.

Le second volet de l'analyse effectuée sur la question de définition concerne le type d'informations mémorisées (figure 4.2 et annexe 4.3) : 24 réponses ont été exclues à cause de leur caractère trop général (e.g., « informations» , « choses» , « données» ...). Quarante-deux sujets évoquent des contenus mnésiques au moyen de 70 réponses, ce qui est inférieur à la fois en nombre de sujets (57) et en nombre de réponses (103) relativement à la facette des processus. Comme pour les processus, il y a en moyenne près de deux réponses par sujet (1,67).

On trouve de façon prédominante des informations que l'on peut classer dans les catégories « épisodiques» (événements et vécu) et sémantiques (connaissances) telles que définies dans la littérature scientifique (Tulving, 1983b, 1985a). Cela représente respectivement 37% et 30% des réponses.

Soulignons qu'un seul sujet fournit une définition faisant apparaître le versant « procédural» de la mémoire en mentionnant « le côté technique de la profession» . Ce résultat tend à confirmer qu'une grande part de cet aspect n'est pas accessible spontanément à la conscience. Aussi, lorsque l'on demande aux personnes de définir la mémoire, elles n'évoquent pas spontanément la capacité à acquérir et maintenir des habiletés et des savoir-faire.

Deux autres catégories de réponses ont été distinguées en raison de leur relative saillance dans l'ensemble des réponses : les aspects perceptifs (images) et émotionnels (ressenti, sentiments) des souvenirs. Ils peuvent être considérés comme des qualificatifs des données engrangées en ce sens qu'ils en décrivent la forme introspective : représentations imagées de connaissances générales ou d'épisodes « souvenirs» , émotions associées à un souvenir.

D'après les deux séries d'analyse présentées ci-dessus, on peut extraire une définition prototypique de la mémoire donnée par un sujet naïf en faisant ressortir l'aspect de la récupération d'événements et de connaissances appartenant au passé.

Il a été assez facile d'appliquer sur notre corpus de définitions une grille de codage inspirée des théories de la mémoire, notamment en ce qui concerne les différents types de souvenirs et les différents mécanismes de l'acte mnésique. Roediger soulignait, en 1979, que la plupart des modèles basés sur une métaphore spatiale découlent en réalité de la conception commune de la mémoire. D'après lui, étant donné que les mots manquent pour décrire les phénomènes mentaux, l'être humain fonctionne sur le mode de l'analogie en empruntant des mots au vocabulaire utilisé pour décrire l'environnement extérieur. Cela serait valable pour l'homme de la rue aussi bien que pour le chercheur en psychologie cognitive...