4.3.2.3011Perception du contrôle sur la fonction mnésique

A la question sur une éventuelle possibilité d'amélioration de la mémoire, les sujets répondent majoritairement par l'affirmative (54/61 ; annexe 4.5). Face à un tel consensus, il ne faudrait pas s'étonner du succès commercial de certaines méthodes censées procurer en un temps record une mémoire « miraculeuse et infaillible» . Comme moyens d'amélioration, sont cités un entraînement régulier (38), l'utilisation de stratégies (37), la réalisation d'activités intellectuelles et culturelles (21), l'orientation de l'attention et la concentration (17) et une bonne hygiène mentale (10). La stratégie la plus populaire est la répétition. Douze personnes pensent qu'il faut s'imposer un entraînement régulier. Nous constatons que les moyens cités pour influencer la mémoire sont plutôt « internes» , c'est-à-dire qu'ils ne requièrent pas l'intervention d'objets extérieurs au sujet104 et qu'un effort personnel est indispensable ; les méthodes miracles ne devraient donc pas aussi bien se vendre puisque les sujets pensent que l'on peut résoudre les défaillances de mémoire par ses propres moyens... Les réponses à cette question concordent avec celles des trois précédentes sur les effets de l'âge, du sexe et du milieu professionnel : les différences perçues sont essentiellement attribuées à un manque d'entraînement, ce qui, en principe, peut se contrôler. Cette assimilation de la mémoire à un muscle que l'on entretient est très controversée dans la littérature scientifique (voir interview de Van der Linden par Schalchli, 2000), notamment parce que la mémoire est composée d'un ensemble de sous-systèmes indépendants qui ne peuvent pas être éduqués par des exercices globaux. Ce point de vue appartient néanmoins à la croyance populaire.

Cette question, formulée de façon générale et sans référence directe au sujet (« pensez-vous que l'on peut améliorer ses performances de mémoire ?» versus « pensez-vous que vous pourriez améliorer votre mémoire ?» ), ne traduit peut-être pas exactement la perception réelle de contrôle des sujets sur leur propre mémoire. De plus, il n'est pas certain qu'ils seraient prêts ou capables de mettre en oeuvre les solutions envisagées par eux-mêmes. Un des problèmes de validité des verbalisations se situe dans la capacité d'imagination des personnes et dans le manque d'objectivité qui l'accompagne ; c'est l'éternelle question de l'écart entre le « dire» et le « faire» .

L'analyse des réponses nous indique que les sujets proposent des méthodes plutôt générales (que veut dire entraînement ?) ou dont l'efficacité n'a pas été établie avec certitude. Par exemple, il n'est pas clair que la répétition et le « par coeur» sont de bons moyens d'apprentissage s'ils ne sont pas associés à la compréhension (Lieury, 1994), que l'attention ou la volonté suffisent à mémoriser des données (Kellogg, 1980)... Ainsi, les réponses à cette question ne font pas apparaître clairement une conscience de la complexité mnésique et/ou une connaissance fine des mécanismes en jeu

Notes
104.

Deux seules réponses font apparaître un effet positif de certains médicaments