4.4.4.1011Evaluations des fréquences d'occurrence du FOK et du TOT

La fréquence d'apparition du FOK et du TOT a été estimée de deux façons : sur une échelle similaire à celle utilisée dans le reste du questionnaire pour les auto-évaluations qualitatives (jamais ... toujours), et par une estimation du nombre de fois où le phénomène se produit sur un certain laps de temps (semaine et mois). Le tableau IV.5 résume les paramètres statistiques obtenus pour chaque mesure.

Tableau IV. 5 : Paramètres des évaluations de fréquence du FOK et du TOT (partie supérieure) et corrélations entre les mesures (partie inférieure). Les effectifs correspondant à chaque corrélation apparaissent entre parenthèses dans les cases situées au-dessus de la diagonale. Significativité : *** : .01, ** : .02, * : .05, italiques : .10
Sentiment de savoir Mot sur le bout de la langue
échelle en
10 points
fréquence
hebdo
fréquence
mensuelle
échelle en
10 points
fréquence
hebdo
fréquence
mensuelle
moyenne 5,424 4,138 14,484 4,585 2,714 9,208
écart-type 2,143106 4,804 20,267 2,096 3,695 17,341
effectif 54 40 32 47 35 36
CORRELATIONS ENTRE MESURES :
Sentiment de savoir Mot sur le bout de la langue
1. échelle 2. hebdo 3. mensuelle 4. échelle 5. hebdo 6. mensuelle
1. 1 (40) (32) (47)
2. 400 ** 1 (30) (33)
3. 478 *** 922 *** 1 (27)
4. 649 *** 1 (35) (36)
5. 611 *** 324 1 (32)
6. 825 *** 336 * 970 *** 1

Plusieurs enseignements seront tirés de ces données.

  1. Il existe une grande variabilité des réponses, surtout pour l'estimation des fréquences réelles (qui par ailleurs semblent plus difficiles, dans la mesure où un certain nombre de sujets a abandonné cette question) ; par exemple, les gens estiment la fréquence d'apparition d'un sentiment de savoir dans une fourchette de 0 à 20 fois par semaine et de 1 à 100 fois par mois. Cette disparité témoigne d'une différence de perception ou d'importance accordée au phénomène de sentiment de savoir, à moins qu'elle ne reflète une réelle différence de fréquence d'apparition des échecs de récupération. Brown (1991) a mentionné, à partir d'une revue de plusieurs travaux, que les auto-estimations de la fréquence des TOT sont généralement de un à deux par semaine chez les sujets jeunes et de deux à quatre par semaine chez les sujets âgés. Nous trouvons ici, dans une population relativement jeune, une valeur équivalente à la valeur théorique des personnes âgées. Cela pourrait provenir du fait que notre échantillon, composé d'étudiants, est souvent confronté à des problèmes de récupération en mémoire. Il semble toutefois que ces auto-estimations donnent lieu à de grands écarts entre sujets et entre études.

  2. Le second constat que l'on peut faire concerne la supériorité du FOK sur le TOT (moyennes en annexe 4.10 ; pour l'évaluation sur échelle, la différence est significative à .05 : z=1,99). Effectivement, le premier phénomène est plus général car le sentiment de savoir peut se référer à une classe d'information plus large que celle des mots. Cependant, un grand nombre de sujets déclarent ne pas voir de différence entre les deux phénomènes107. La différence d'estimation proviendrait donc plutôt d'un biais méthodologique puisque les deux questions, immédiatement adjacentes, étaient toujours posées dans le même ordre. Ainsi, l'évaluation de fréquence du TOT serait déterminée en partie par l'évaluation précédemment faite sur le FOK. Le coefficient de corrélation entre les deux évaluations est en effet très significatif et montre que la fréquence estimée du TOT est fonction de la fréquence estimée du FOK et ce, pour les trois évaluations de fréquence demandées (tableau IV.5 ci-dessus) ; les deux phénomènes sont clairement identifiés comme appartenant à la même catégorie d'expériences subjectives.

  3. Enfin, pour déterminer une éventuelle correspondance entre l'évaluation sur échelle (qualitative) et l'estimation de fréquence plus directe (nombre), nous avons calculé des coefficients de corrélation entre ces mesures, indépendamment pour le sentiment de savoir et le mot sur le bout de la langue. Logiquement, une corrélation presque parfaite existe entre l'évaluation hebdomadaire et l'évaluation mensuelle ; par contre, ces relations sont nettement moins franches (voire en limite de significativité pour le TOT) quand on considère l'évaluation sur échelle et les évaluations absolues pour chaque période. Une plus faible liaison signifie qu'un sujet qui estime souffrir « souvent» de FOK, ne va pas forcément donner une estimation chiffrée de fréquence supérieure à celle d'un sujet qui dit souffrir « assez peu souvent» de FOK. En théorie, si les termes du vocabulaire relatifs à la fréquence étaient perçus de façon équivalente entre les sujets, on obtiendrait des corrélations proches de celles qui existent entre les évaluations hebdomadaire et mensuelle. L'utilisation de l'échelle et du vocabulaire courant relatif à la fréquence n'est pourtant pas complètement remise en cause, dans la mesure où les corrélations restent positives et assez élevées. Notons enfin que les plus fortes corrélations sont obtenues avec le jugement de fréquence mensuelle.

Notes
106.

Pour l'évaluation sur échelle du FOK et du TOT, les écart-types de ce tableau sont légèrement différents de ceux de l'annexe 4.10 où les valeurs manquantes ont été remplacées par la moyenne générale de l'échantillon.

107.

En réalité, le TOT est l'expérience commune la plus courante et est associée à un phénomène de blocage de la récupération mnésique assorti d'une sensation de récupération imminente. Le FOK concerne davantage un paradigme expérimental où les sujets doivent évaluer leur performance future en cas d'échec de récupération à un premier test.