Du fait de la complexité du fonctionnement mnésique dans la vie quotidienne, de son intégration dans l'ensemble des activités cognitives et de sa relation avec les dimensions affectives et motivationnelles des comportements, nous avons mis au point un nouveau questionnaire plus général et diversifié que le précédent.
Avec un total de 374 questions (y compris 17 questions d'identification et 3 questions de débriefing), ce questionnaire s'inspire tout à la fois des questionnaires existants décrits plus amplement dans la première partie de ce travail (§ 2.2.3.2. et annexe 2.1 : SMQ de Bennett-Levy et Powell, 1980 ; CFQ de Broadbent et al., 1982 ; MIA de Dixon et Hultsch, 1983, 1984 ; Boucheron, 1995 ; IME et SIME de Herrmann et Neisser, 1978 ; EMQ de Sunderland et al, 1983, 1984 ; QAM de Van der Linden et al., 1989 ; MFQ de Zelinski et al., 1980), et des données obtenues dans notre propre recherche sur les représentations de la mémoire.
Une première partie cherche à identifier avec précision les caractéristiques individuelles des sujets (âge, sexe, milieu socio-économique, connaissance de la langue française, caractéristiques neuropsychologiques et médicales...) afin de repérer des patrons de réponses spécifiques à des groupes d'individus et de détecter les causes d'une éventuelle incohérence de réponse (par exemple, dans le cas de troubles neuropsychologiques ou psychiatriques).
Le corps du questionnaire se compose de 12 parties utilisant 8 échelles d'évaluation différentes112 :
I. Evaluation générale : 8 items ; cette partie permet une familiarisation du sujet avec l'utilisation des échelles ; des phénomènes comme la santé physique et mentale, les fonctions sensorielles, l'adresse manuelle... sont auto-évalués sur une échelle qualitative (mauvais, moyen, bon).
II. Fréquence d'apparition de problèmes ou erreurs d'attention, de mémoire, d'action (58 items) ; l'échelle de fréquence utilise les niveaux « rarement» , « parfois» et « souvent» .
III. Stratégies de mémoire utilisées dans la vie quotidienne (échelle de fréquence, 36 items).
IV. Evaluation qualitative de différentes capacités intellectuelles (échelle qualitative, 52 items).
V. Echelle d'accord sur 67 assertions relatives à la motivation pour la réussite, l'anxiété liée aux activités de mémoire, les intérêts et goûts pour des domaines de connaissance, les rythmes de travail intellectuel, les facteurs de personnalité... (niveaux « pas du tout d'accord» , « avis mitigé» , « tout à fait d'accord» )
VI. Comparaison des capacités actuelles et passées (18 items) visant à appréhender la perception du changement (niveaux « moins bonne» , « identique» , « meilleure» ).
IV. Echelle d'effet de différents phénomènes sur le fonctionnement de la mémoire en général (23 items) : étude du lieu de contrôle, des relations entre cognition, conation et affect (niveaux « effet négatif» , « pas d'effet» , « effet positif» ).
VIII. Evaluation de la difficulté à réaliser certaines actions (31 items) : étude des aspects « tâche» et « personne» de la métacognition (niveaux « difficile» , « difficulté moyenne» , « facile» ).
IX. Trente-deux affirmations à la première personne, dont le sujet doit juger de la pertinence à son égard (échelle de ressemblance : « ne me ressemble pas» , « avis mitigé» , « me ressemble» ).
X. Evaluation de fréquence de réalisation de 12 activités de loisirs.
XI. Positionnement entre deux adjectifs antagonistes se rapportant à la personnalité du sujet (17 items).
XII. Questions finales sur les difficultés rencontrées lors de l'accomplissement du questionnaire (3 items).
Ce travail, juste amorcé113, pourra aboutir à plusieurs orientations de recherche à plus ou moins long terme : analyse exploratoire des dimensions sous-jacentes de l'auto-évaluation, réplication des travaux antérieurs, création d'une version réduite représentative des dimensions décelées, obtention de données normatives dans une visée psychométrique, étude des différences individuelles et détection de styles d'auto-évaluation, mise en correspondance des auto-évaluations et des performances en laboratoire et en situation réelle, détection des troubles de l'auto-évaluation...
Chaque échelle se compose de 3 fois 2 points : par exemple pour l'échelle qualitative : mauvais (niveaux 1 et 2), moyen (niveaux 3 et 4) et bon (niveaux 5 et 6).
La description des données obtenues sur les quarante premières réponses est présentée dans un rapport de mission destiné au Centre Jacques Cartier (Combe-Pangaud, 1997). Ce travail s'est déroulé en partie à l'Université de Montréal (Services des professeurs Larochelle et Larocque) du 22 mars au 13 avril 1994.