Chapitre 5011Effets de la mémorisation intentionnelle en situation de laboratoire. Rôle de l'âge sur la mémorisation de paires de mots, et sur la certitude associée au rappel

5.1011Cadre général

Le but de cette recherche est d'appréhender l'effet de l'encodage intentionnel sur trois types de stimuli verbaux, chez un échantillon de sujets jeunes et un échantillon de sujets âgés. L'intention est manipulée selon un plan intra-sujet : dans une première phase, les sujets ne sont pas avertis de la présence de tests de mémoire ; dans les deux phases suivantes, des instructions explicites concernent les tests (§ 5.2.3). Outre la performance de mémoire en rappel libre et rappel indicé, on étudie :

  • les évaluations de certitude associées à chacun des éléments rappelés,

  • la répartition et le type d'erreurs commises,

  • les verbalisations en rappel indicé susceptibles de fournir des indications sur la connaissance des sujets à propos de leur propre contenu mnésique.

L'hypothèse générale de cette recherche, et qui vaut également pour l'étude du chapitre 6, pose un effet positif de l'intention sur le niveau de performance (H2, voir chapitre 3). Rappelons les hypothèses spécifiques qui en découlent.

On devrait s'attendre à une augmentation des performances d'une phase à l'autre de l'expérimentation résultant de la mise en oeuvre de stratégies de mémorisation intentionnelle ou de processus contrôlés d'encodage. La connaissance acquise lors de la première phase de l'expérience sur le matériel et les tâches devrait contribuer au développement de stratégies adaptées à une augmentation de la performance. Cette amélioration devrait porter sur le matériel le plus difficile à retenir, à savoir les paires de mots non-reliés. Nous prédisons donc une interaction, au sens statistique, entre les niveaux de traitement des items et les phases de l'expérience (H.2.1.1.).

Si en outre, nous partons de l'idée que les personnes âgées montrent des difficultés dans le contrôle de leurs processus mnésiques, nous pouvons émettre l'hypothèse non seulement d'une performance plus faible que celle des jeunes, mais aussi d'un manque d'amélioration dû à l'intention de retenir les informations plus difficiles (H.2.3.1.). Au final, nous nous attendons à une triple interaction entre les facteurs âge, phase et niveau de traitement. En d'autres termes, nous prévoyons d'observer une amélioration des performances chez les sujets jeunes entre les conditions d'encodage incident et intentionnel ; cette amélioration devrait porter sur le matériel le plus difficile à mémoriser, à savoir les paires de mots non-reliés. Concernant les personnes âgées, nous n'envisageons pas d'amélioration des performances avec l'encodage intentionnel pour le matériel difficile.

La connaissance métamnésique devrait également s'améliorer d'une phase à l'autre de l'étude du fait de l'expérience acquise sur la tâche et le matériel à mémoriser (H.2.2.1.). Si la conscience et le contrôle des processus de mémorisation sont altérés par le vieillissement, on devrait observer parallèlement une différence entre les deux groupes de sujets dans la capacité pour évaluer la pertinence de leurs réponses en termes de certitude (H.2.3.2.).

L'analyse des erreurs de rappel et des remarques émises par les sujets sur les mots à retrouver114 nous renseignera sur la nature des traitements réalisés sur le matériel, les mécanismes de contrôle du processus de récupération des données en mémoire, et sur la connaissance des sujets sur le contenu de leur propre mémoire.

Notes
114.

Ces remarques sont également nommées « manifestations de métamémoire» . Nous nous intéressons seulement aux verbalisations sur le type de relations entre indice et cible dans le contexte de la tâche de rappel indicé.