Le test utilise une procédure « papier / crayon» , ce qui explique pourquoi nous n'avons pas pu systématiquement réordonner aléatoirement la présentation du matériel.
L'expérience se déroule en trois phases. Pour chaque phase, un tiers du matériel de chaque catégorie a été sélectionné (soit 10 paires de NR, RP et RS). Les paires de mots sont imprimées très lisiblement (caractères de un centimètre de hauteur - minuscule – centrés - impression laser) sur des cartons individuels (15 par 10 centimètres), l'un au-dessus de l'autre selon le modèle de la figure 5.1.
Lors de la première étape de l'expérience, les sujets ne savent pas qu'il s'agit d'une recherche sur la mémoire, et doivent simplement lire à voix haute les 30 paires de mots qui leur sont présentées à une cadence d'une paire toutes les deux secondes.
A la suite de cette lecture, le sujet est soumis immédiatement à une épreuve de rappel libre (LI) où il doit mentionner, par écrit, tous les items de la liste qui lui reviennent à l'esprit, dans n'importe quel ordre.
Puis, vient un test de rappel indicé (IN), où le sujet doit fournir la cible sur présentation orale de l'indice par l'expérimentatrice118.
Chaque réponse est également cotée en fonction du sentiment de certitude qui lui est associé sur une échelle en trois points (« tout à fait sûr(e)» , « moyennement sûr(e)» , « pas sûr(e) du tout» ) ; en rappel libre, cette évaluation est faite lorsque le sujet estime ne plus pouvoir retrouver d'autres mots ; en rappel indicé, l'évaluation est faite après chaque réponse ; les commentaires et réflexions sont notées systématiquement durant la phase de rappel indicé.
La seconde phase est identique à la première, en dehors du fait que le sujet sait qu'il sera soumis aux mêmes tests après la lecture et que les mots sont différents.
Après avoir répondu aux deux tests de mémoire (rappel libre et rappel indicé), l'expérimentatrice explicite l'existence de trois sortes de paires et propose une dernière phase où le sujet doit non seulement lire les items, mais réaliser une analyse de chaque paire en citant à voix haute sa catégorie d'appartenance. Par exemple, après avoir lu la paire de mots « nuage – roi» , le sujet doit ajouter « pas reliés» ou encore « pas de ressemblance» ; pour la paire « rose – tulipe» , le sujet ajoute « même catégorie» ou encore « sens proche» . Les deux tests de rappel sont administrés à la fin de cet exercice. Au cours du rappel indicé, l'expérimentatrice s'enquiert pour chaque paire incomplète de la relation qui unissait les deux mots (verbalisation forcée).
Le tableau V.1 (page suivante) résume le déroulement de l'expérience, les variables manipulées et la terminologie utilisée.
La variable « groupe» (inter) caractérise les sujets selon leur âge et comporte deux niveaux (jeunes et âgés). Chaque sujet participe aux trois étapes de l'expérience définies par la variable « phase» (ou encore « consigne» , « type d'encodage» ) et passe deux épreuves de mémoire (variable « épreuve» ou « test» ) par phase. Les stimuli à retenir se répartissent en trois catégories selon le type de relation entre les deux mots de chaque paire (« matériel» ou « type de stimulus» ou « niveau de traitement» ) ; cette variable de degré de ressemblance entre les mots est supposée induire différents niveaux de traitement de l'information. Nous avons donc une variable inter (âge) et trois variables intra (phase, épreuve, niveau de traitement).
La variable dépendante est le nombre de mots rappelés dans le cas du rappel libre et le nombre de paires correctement complétées dans le cas du rappel indicé. Compte tenu de cette légère nuance dans la variable mesurée, il nous semble préférable d'effectuer des analyses de la performance distinctes pour le rappel libre et le rappel indicé. Cependant, l'effet de l'indiçage sur la performance mnésique pour les deux groupes de sujets et pour les diverses situations de l'expérience pourra être considéré à part : la variable dépendante sera alors le nombre de paires reconstruites pour lesquelles la cible n'avait pas été retrouvée en rappel libre.
Variable GROUPE ou AGE ou SUJETS |
14 sujets JEUNES - âge moyen : 25,2 ans - 8 hommes/ 6 femmes : J
13 sujets AGES - âge moyen : 77,4 ans - 4 hommes / 9 femmes : A |
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VARIABLE PHASES DE L'EXPERIENCE ou CONSIGNES ou ENCODAGE |
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I. / PHASE 1 | II. / PHASE 2 | III. / PHASE 3 | ||||||||
Encodage incident | Encodage intentionnel | Travail d'analyse | ||||||||
variable TYPE de stimuli (paires) MATERIEL ou NIVEAU DE TRAITEMENT |
NR |
RP |
RS |
NR |
RP |
RS |
NR |
RP |
RS |
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Nombre d'items | 10 | 10 | 10 | 10 | 10 | 10 | 10 | 10 | 10 | |
Epreuves de mémoire Variable dépendante de performance |
Rappel libre 1 (LI 1) Rappel indicé 1 (IN 1) |
Rappel libre 2 (LI 2) Rappel indicé 2 (IN 2) |
Rappel libre 3 (LI 3)Rappel indicé 3 (IN 3) | |||||||
Variable dépendante d'évaluations de certitude pour chaque item rappelé |
Certitude forte (100% de bonnes réponses) - C2
Certitude moyenne (50% de bonnes réponses) - C1 Certitude faible (0% de bonnes réponses) - C0 |
En ce qui concerne les données de métamémoire, nous nous intéressons à la confiance qu'accorde le sujet à chacune de ses réponses. Après le rappel libre, il doit classer chaque mot rappelé dans l'une des 3 catégories correspondant à la certitude associée. Lors du rappel indicé, la certitude est mesurée après chaque réponse fournie sur présentation d'un indice. En théorie (Lichtenstein et al., 1982), si le sujet parvenait à évaluer correctement la pertinence de ses réponses par rapport à leur présence dans la liste originale, on devrait observer une répartition effective de bonnes réponses de 100%, 50% et 0% dans chacune des trois catégories de certitude (respectivement certitude forte, moyenne et faible ou C2, C1 et C0).
La méthodologie utilisée pour analyser la congruence entre performance et certitude est identique à celle des études sur le sentiment de savoir, où les sujets doivent attribuer une probabilité de pouvoir reconnaître ultérieurement un item non-rappelé. Nous utiliserons deux indices : le coefficient Gamma de Goodman-Kruskal (nommé G ; Nelson, 1984) et l'indice de calibration individuelle (nommé C ; Oskamp, 1962)119. Compte tenu de la nature de nos propres observations, nous avons été amenée à effectuer des modifications sur le calcul du coefficient Gamma (le nouvel indice a été nommé D pour discrimination), car son application à nos données s'est révélée problématique (§ 5.4.1.). Dans le présent travail, le coefficient calculé perd sa valeur de test non-paramétrique.
Des indices D et C spécifiques ont été calculés globalement pour chaque épreuve de rappel (LI 1, LI 2, LI 3, IN 1, IN 2 et IN 3) et plus précisément pour chaque type de stimuli à l'intérieur des épreuves de rappel indicé (NR-IN 1, RP-IN 1, RS-IN 1, NR-IN 2,...).
Un modèle de feuille de réponses est présenté en annexe 5.1.
Le détail des calculs réalisés est fourni au paragraphe 5.4.1.