5.4.3.1011Effets de l'âge, des consignes et des types de rappel sur la calibration

Comme pour le coefficient D, les trois effets principaux (âge, épreuve de rappel et phase de l'expérience) sont significatifs et indépendants (annexe 5.5 et figure 5.12). L'important effet d'âge (F(1;25)=8,62, p<.01) montre que les sujets jeunes ont une meilleure calibration que les sujets âgés (0,074 versus 0,141), c'est à dire qu'ils classent moins de bonnes réponses dans la catégorie d'incertitude, de mauvaises réponses dans la catégorie de forte certitude, et qu'ils ont tendance à positionner des bonnes et mauvaises réponses en quantité égale dans la catégorie d'hésitation. Globalement, leur connaissance du contenu mnésique est meilleure. Le rappel libre donne lieu à une meilleure calibration (F(1;25)=17,88, p<.01) avec une moyenne de 0,076 (versus 0,137 pour le rappel indicé). Les deux situations de mémorisation intentionnelle permettent une meilleure calibration par rapport à l'encodage incident (F(2;50)=3,03, p=.057 ; 0,132 versus 0,095 versus 0,093 dans l'ordre de l'expérience). Aucune interaction n'est significative.

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Figure 5. 12 : Indice de calibration individuelle (C) en fonction de l'âge des sujets, du type d'épreuves (LI : rappel libre, IN : rappel indicé) et de la phase de l'expérience ou consigne (1 : incident, 2 : intentionnel, 3 : analyse).

Nous tirerons de ces résultats des conclusions identiques à celles concernant le coefficient de discrimination. Tel que nous avons modifié le calcul de ce dernier, nous obtenons une mesure relativement proche de celle de l'indice de calibration. L'indice C est négativement corrélé avec la performance (de -.238 pour le rappel libre en condition d'encodage incident à -.581 pour le rappel indicé en condition d'encodage intentionnel avec analyse des relations intra-paires) dans le même ordre de grandeur que D (de .198 pour le rappel libre en condition d'encodage incident à .556 pour le rappel indicé en condition d'encodage intentionnel) et les deux indices sont fortement reliés (de .-50 pour les jeunes en rappel libre – encodage incident à -.99 pour les âgés en rappel libre – encodage incident ; annexe 5.8). Cela signifie que plus la performance de rappel est élevée, plus bas est l'indice de calibration. Quand la performance est meilleure, il y a moins d'items mal évalués en terme de certitude : les bonnes réponses sont plus souvent accompagnées d'une forte certitude et les mauvaises réponses d'une faible certitude.

Ce résultat plaide en faveur de l'hypothèse de métamémoire et tend à montrer une relation positive entre connaissance du contenu mnésique et performance. Il ne permet cependant pas d'affirmer qu'une bonne métamémoire est responsable d'une bonne performance. Cela tient au fait que la métamémoire est ici évaluée après la tâche de mémoire par le degré de certitude associé à chaque réponse. Ce n'est pas parce que les sujets ont une meilleure appréciation du contenu de leur mémoire qu'ils rappellent plus de mots. Au contraire, plus ils rappellent de mots, plus ils sont capables de les classer correctement dans les différents niveaux de certitude, c'est-à-dire de juger les bonnes réponses et les mauvaises réponses comme telles. Ainsi, la relation positive que nous mettons en évidence dans ce travail illustre plutôt l'effet de la mémoire sur la métamémoire que l'inverse. Les sujets sont d'autant plus performants pour évaluer leur contenu mnésique que leur mémoire est plus efficace. En réalité, le jugement de certitude dépend de la qualité de la mémoire car le sujet a besoin de réactiver des éléments mémorisés pour émettre un jugement pertinent.