6.3.5.2011Test des hypothèses sur les différences de performance

6.3.5.2.1011Étude des temps de réponse

6.3.5.2.1.1011Temps de réponses en fonction des consignes (Groupe) et du matériel (Question / Réponse)

L'orientation attentionnelle est appréhendée par l'analyse de l'effet des Consignes d'encodage (facteur Groupe) sur les temps de réponse. Les analyses de variance réalisées comportent un facteur inter-sujet et deux facteurs intra-sujet : respectivement, les facteurs Groupe, type de Question et type de Réponse (annexe 6.9). La variable dépendante retenue est la valeur médiane des temps de réponse145 pour chaque catégorie de matériel. La triple interaction est significative (F(4;214)=4,18, p<.01).

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Figure 6. 6 : Temps de réponse médians pour les deux groupes soumis à la tâche d'orientation, en fonction du type de questions d'encodage (L : lettre, R : rime, et S : sens) et du type de réponse souhaitée face à cette question (O : oui et N : non).

Dans un premier temps, seul l'effet du groupe nous intéresse. De plus, comme pour le rappel, il est évident que les facteurs relatifs au type de matériel ne sont pas pertinents pour le groupe contrôle, ce qui contribue à la triple interaction.

L'anova sur les temps médians donne un F(2;107) pour le facteur Groupe de 26,61 (p<.01) qui montre nettement que les sujets du groupe contrôle passent plus de temps sur les mots de la liste lors de la phase d'acquisition que les deux autres groupes soumis à la tâche d'orientation, qui ne diffèrent pas significativement.

Les facteurs principaux Question et Réponse et leurs interactions respectives avec le facteur Groupe n'ont pas d'effet sur le temps de réponse. Par contre, ils interagissent (F(2;214)=3,77, p=.02 ; figures 6.6 et 6.7).

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Figure 6. 7 : Temps de réponse médians pour le groupe contrôle, en fonction du type de question d'orientation (Lettre, rime et sens) et du type de réponse souhaitée (Oui et non). Les facteurs qui déterminent la nature du matériel ne sont pas pertinent dans ce groupe de sujets, dans la mesure où ils n'ont pas été soumis à la tâche d'orientation.

Pour le groupe « incident» , l'interaction Question / Réponse est significative (F(2;70)=7,25, p<.01) ainsi que les deux effets principaux (figure 6.6). Quant les réponses sont positives, elles sont plus rapides si la question porte sur la détection d'une lettre et il n'y a pas de différence entre les deux autres niveaux (rime et sens). Pour les réponses négatives, les questions de rime et de lettre donnent des réponses plus rapides que les questions sémantiques. Pour le niveau sémantique et le niveau orthographique, les réponses sont aussi longues qu'elles soient positives ou négatives. Pour le niveau phonétique (rimes), les réponses sont plus rapides quand elles sont négatives que positives.

Dans le groupe « intentionnel» , aucun effet principal n'est significatif (Question : F(2;70)<1, ns, Réponse: F(1;35)=3,13, p=.09) alors que l'interaction Question / Réponse atteint la limite de significativité (F(2;70)=2,93, p=.06). Pour les réponses positives, les temps de réponse sont équivalents entre les trois types de stimuli (figure 6.6). Pour les réponses négatives, la décision orthographique est plus lente que la décision sémantique. En réalité, la tendance à l'interaction s'explique par un temps de décision plus long pour les mots traités orthographiquement et nécessitant une réponse négative. Ce résultat n'est pas conforme aux données de la littérature où le niveau de traitement se ressent à travers le temps de réponse. Les travaux les plus typiques de ce champ d'étude décrivent des temps de réponse plus longs pour les niveaux sémantiques (plus profonds) et des temps de réponse équivalents pour les réponses positives et négatives (Craik et Tulving, 1975).

Concernant le troisième groupe (contrôle), de façon surprenante, l'interaction Question / Réponse est significative (F(2;74)=4,26, p=.02 ; figure 6.7). Comme ces sujets n'ont pas vu les questions, ce phénomène s'explique obligatoirement par une autre cause que l'effet de profondeur de traitement. Cette interaction est due à une moyenne supérieure du temps sur les mots définis comme « Rime / Non» . Ceci correspond aux positions de la liste 6, 10, 12, 20, 25. Nous verrons que l'item n°10 est la position où le temps de réponse est le plus long. Donc, cet effet reflèterait en réalité un effet de position sérielle.

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Figure 6. 8 : Interaction Question (lettre, rime et sens) / Groupe (incident avec tâche d'orientation et intentionnel avec tâche d'orientation) sur les temps de réponse médians.

Une nouvelle analyse du temps de réponse médian en fonction du type de stimuli « Question / Réponse» a été menée afin de préciser le rôle de la tâche d'orientation subie par les deux premiers groupes sur le temps d'exposition (annexe 6.9). L'Anova dévoile l'absence de triple interaction entre les facteurs Groupe, Question et Réponse (F(2;140)=1,41, ns). Par contre, le facteur Groupe interagit avec les facteurs Question (F(2;140)=3,31, p=.04 ; figure 6.8) et Réponse (F(1;70)=6,59, p=.01 ; figure 6.9) pour expliquer les variations de temps de réponse. De même, les temps de réponse dépendent conjointement du type de question et du type de réponse associé (F(2;140)=8,67, p<.01). Les trois effets principaux ne sont pas significatifs.

Des analyses détaillées montrent qu'il n'y a de différence dans les temps de réaction entre les deux groupes de sujets que pour le niveau de traitement le plus bas (Lettre ; figure 6.8) et une tendance à la différence pour les réponses négatives (.07 ; figure 6.9). Dans les deux cas, les sujets avertis du test futur mettent plus de temps pour répondre aux questions d'orientation.

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Figure 6. 9 : Interaction Réponse (oui et non) / Groupe (incident avec tâche d'orientation et intentionnel avec tâche d'orientation) sur les temps de réponse médians.

Doit-on voir là un effort de la part de ces sujets pour retenir un matériel qui ne constitue pas d'unité intégrée avec son contexte, dans le but d'optimiser la performance future ? Les sujets du groupe « incident» mettent plus de temps pour répondre aux questions sémantiques qu'aux questions orthographiques et phonétiques, alors que les sujets avertis du test passent autant de temps sur chaque niveau.

Le résultat significatif de l'interaction Question / Réponse peut se résumer en disant que sur l'ensemble des sujets, les mots traités orthographiquement et assortis d'une réponse positive (LO) ou traités phonétiquement et assortis d'une réponse négative (RN) sont visualisés moins longtemps que les autres, probablement car ce type de réponse est aisé (figure 6.10). Dans le premier cas, la réponse peut être donnée dès que la correspondance entre la lettre mentionnée dans la question et la lettre du mot est rencontrée. Dans le second cas, le sujet peut se contenter d'effectuer une analyse de la partie finale du mot-cible pour donner une réponse adéquate.

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Figure 6. 10 : Interaction Question (L : lettre, R : rime et S : sens) / Réponse (O : oui et N : non) pour les deux groupes de sujets soumis à la tâche d'orientation sur les temps de réponse médians. Les traits indiquent le niveau de significativité des différences entre moyennes prises deux à deux. Pointillés : .10, trait fin : .05, trait épais : .01.
Notes
145.

Les valeurs médianes sont préférées aux moyennes car elles permettent d'écarter les valeurs extrêmes qui peuvent signer un processus de réponse « anormal» . Une réponse très courte peut signifier que le sujet a appuyé sur la touche au hasard et sans intention. Une réponse très longue peut être la conséquence d'une fausse manipulation où d'une étourderie. De plus, l'analyse des réponses justes doit être préférée dans la mesure où le temps de réponse est directement corrélé à leur nature vraie ou fausse.