6.3.6011Résumé des résultats sur la performance

Cette expérience montre que le niveau de traitement de l'information est un bon prédicteur de la performance (Craik et Lockhart, 1972 ; Craik et Tulving, 1975). Toutefois, le paradigme utilisé pour induire différents niveaux d'encodage se révèle très perturbateur sur la performance. Lorsque les sujets peuvent gérer eux-mêmes le défilement des stimuli et les opérations d'encodage, la performance se trouve multipliée par trois (rappel libre). En ne considérant que les items dont on est sûr qu'ils ont reçu un traitement sémantique, la performance est encore supérieure dans le groupe qui n'est pas soumis à la tâche d'orientation. Aussi, en cas de tâche d'orientation, on empêche les activités auto-dirigées, même si le sujet est averti du test de mémoire future. Les recherches classiques qui démontrent la supériorité de l'effet de profondeur sur l'effet de l'intention n'ont généralement pas laissé de liberté aux sujets dans leurs décisions stratégiques (e.g., temps de présentation uniforme ; Nelson et Narens, 1994). Or, dans les environnements naturels, les individus ont une liberté d'action qui leur permet sans doute de réguler volontairement et efficacement l'encodage des informations. Dans notre expérience, les sujets contrôles se comportent stratégiquement : on le constate à travers les temps d'encodage, l'évolution du temps de traitement au cours de la présentation, le regroupement sémantique lors du rappel, l'effet de primauté...

Concernant le groupe soumis à la fois aux consignes de mémoire et de tâche de décision, la volonté seule ne mène pas à une amélioration importante de la mémoire. Il semble cependant qu'ils accèdent plus rapidement et plus efficacement aux données stockées lors du rappel libre immédiat. De plus, on constate dans ce groupe un patron de comportements témoignant d'une tentative stratégique : ils mettent plus de temps pour répondre aux questions, les éléments du début de liste sont un peu mieux retenus, ils retrouvent plus de catégories lors du rappel libre, ils traitent plus longuement certains items (positions critiques identiques à celles du groupe contrôle). Toutefois, les contraintes de la tâche ne permettent pas d'aboutir à une performance optimale.

Il convient de considérer la deuxième facette de notre hypothèse, concernant l'effet de l'encodage intentionnel sur l'adéquation des jugements de métamémoire. Afin de vérifier que la hausse des performances due à l'intention provient d'une meilleure utilisation de la métamémoire, il faut s'assurer que les jugements de métamémoire sont plus justes dans les conditions d'encodage intentionnel (Hasselhorn et Hager, 1989).