6.4.1.4011Comparaison des évaluations qualitatives à la valeur centrale de l'échelle

message URL FIGURE63.gif
Figure 6. 18 : Evaluations qualitatives des prédictions (EVA1 et EVA2), de la mémoire quotidienne (EVAG) et de la performance de mémoire en rappel libre (EVAP) en fonction des consignes d'encodage.

Nous avons tenté de déterminer si les trois groupes de sujets donnent des évaluations qualitatives significativement différentes de la valeur centrale de l'échelle (comparaison d'une moyenne à une norme150). Lors de la première évaluation qualitative de performance prédite (EVA1), les sujets du groupe avec encodage incident donnent une évaluation qui ne s'éloigne pas de la valeur théorique (z=-1,55, ns) alors que les deux autres groupes déprécient significativement leur évaluation (respectivement zintentionnel et zcontrôle de -3,89 et -4,20, p<.01; figure 6.18). Les sujets des deux groupes avec consignes de mémorisation intentionnelle pensent que la performance qu'ils prédisent est médiocre.

Lors de la seconde évaluation (EVA2 ; figure 6.18), la performance prédite est considérée comme inférieure à la moyenne dans les trois groupes de sujets (zincident = -2,74, zintentionnel = -5,84 et zcontrôle = -4,50, tous les p<.01). Ce phénomène découle du fait que les sujets, qui ont initialement sous-évalué le nombre total de mots présentés et qui semblent baser leur prédiction sur un calcul de proportion (autour de 50%), ne peuvent pas se permettre d'augmenter leur prédiction pour maintenir ce niveau de performance prédite. Ainsi, leur prédiction n'étant plus conforme à la proportion d'environ 50% de rappel, ils estiment que la performance prédite est largement en dessous d'une valeur moyenne. Intervient probablement à ce niveau un biais de jugement qui induit la croyance : « la performance moyenne se situe vers la moitié de réponses correctes» . Si tel est le cas dans les systèmes de notation scolaires standards (i.e., on considère la moyenne à un examen comme étant à 10/20, donc à la moitié), il n'en va pas ainsi dans les expériences sur la mémoire, surtout quand sont utilisées des tâches de rappel libre. Concernant le cas des sujets contrôles, qui prédisent un peu moins de 50% de performance et atteignent environ 50% de bonnes réponses en rappel libre, nous ne pourrons pas trancher catégoriquement entre la coïncidence et l'adéquation de la prédiction.

L'auto-évaluation générale de la capacité personnelle (EVAG) prend une valeur proche de la médiane de l'échelle proposée (3). Des comparaisons de moyennes (grand échantillon) avec une norme confirment que les auto-évaluations générales ne s'éloignent pas significativement de la valeur médiane (zincident = 1,34, zintentionnel = -0,20 et zcontrôle = 1,47, aucun z significatif). En moyenne, les sujets se trouvent « moyens» . Cette auto-évaluation, faite après la tâche de mémoire, n'est pas influencée par la performance réelle et l'avis du sujet sur cette performance. Ce résultat confère une certaine validité à l'auto-évaluation.

Dans les trois groupes de sujets, la qualité estimée de la performance réelle (EVAP) est largement inférieure à la valeur théorique centrale de l'échelle (zincident = -9,61, zintentionnel = -5,86 et zcontrôle = -4,99, tous les p<.01). Tous estiment que leur performance se situe en dessous d'un seuil moyen et semblent penser qu'il était possible d'atteindre un meilleur niveau de performance. Ce résultat est en désaccord avec l'existence d'une bonne connaissance du contenu mnésique qui prendrait en considération les exigences de la tâche (en théorie, les sujets devraient, en moyenne, se trouver moyens). Il peut également témoigner d'une certaine « modestie» , ce qui n'est pas surprenant dans le cadre d'une expérimentation où sont vraisemblablement exacerbés les comportements socialement désirables.

Notes
150.
Avec message URL EQUA01.gif
message URL XBARRE.gif est la moyenne observée, μ est la moyenne théorique, σ est l'écart-type observé et N est l'effectif de l'échantillon.