6.4.3011Exactitude de prédiction et certitude associée

Le niveau de certitude n'est pas du tout lié à la précision de la prédiction, mesurée par l'écart, en valeur absolue, entre prédictions et performances réelles (corrélations du tableau en fin d'annexe 6.16). On aurait pu s'attendre à ce qu'une forte certitude associée à la prédiction soit accompagnée d'un faible écart entre performance prédite et performance réelle (corrélation négative), dans l'hypothèse où les sujets sont parfaitement capables d'estimer leur contenu mnésique.

Pour la première évaluation de certitude (C1), les corrélations les plus importantes apparaissent dans le groupe 2, avec l'exactitude mesurée entre la deuxième prédiction et la performance de rappel libre (LI1 : .273 et LIT .261151, ns), et dans le groupe contrôle (groupe 3) avec l'exactitude mesurée entre la deuxième prédiction et le rappel total (-.179, ns). Toutes les autres corrélations sont inférieures ou égales à |.10|. Pour la seconde évaluation de certitude (C2), on obtient un patron de corrélations similaire. Notons que la corrélation observée dans le groupe 2 est positive alors que l'hypothèse d'exactitude la prévoit négative.

Nous pouvons conclure de ces données que l'évaluation de certitude faite sur les prédictions de performance n'est pas liée à la perception des sujets sur leurs réelles capacités de mémoire (exactitude de prédiction). Une forte certitude associée à l'atteinte d'un but ne garantit pas que le rappel se rapproche effectivement de ce but, c'est-à-dire que l'écart entre prédiction et performance tende vers zéro. Les sujets ne semblent pas capables de juger efficacement les performances qu'ils pensent pouvoir atteindre.

En outre, l'estimation de certitude n'est liée à aucune autre mesures réalisées dans cette expérience, quel que soit le groupe : prédictions, évaluations qualitatives, performances, évaluation de la performance réelle en rappel libre (annexe 6.16).

Les données de l'expérience rapportée précédemment (chapitre 5) nous indiquaient que la certitude évaluée sur le résultat du processus mnésique est fiable et traduit une bonne connaissance du sujet sur le contenu mémorisé. Il semble donc beaucoup plus pertinent de recueillir ce type d'évaluation sur des données effectives basées sur l'expérience (les tâches sont réalisées par le sujet) que sur des données estimées, basées sur des situations hypothétiques (le sujet peut avoir quelques difficultés à se représenter la tâche).

De plus, dans l'expérience antérieure, les évaluations de certitude étaient recueillies sur chaque item rappelé alors que dans la présente, nous avons utilisé une valeur globale. La première méthode élargit considérablement les possibilités d'analyse des données, en particulier lorsqu'il s'agit de comparer la métamémoire et la performance mnésique (e.g., calcul d'indices individuels permettant de mettre en relation les évaluations faites par les sujets et leur performance réelle). Dans l'expérience présente, le degré de certitude devrait plutôt refléter les attentes du sujet par rapport à l'atteinte de la performance prédite, donc finalement son auto-efficacité (Bandura, 1986).

Notes
151.

Une corrélation positive signifie que plus la certitude est élevée, plus l'écart entre prédiction et performance s'éloigne de zéro (i.e., moins les sujets sont exacts dans leurs jugements).