6.5.3.2011Moyennes des performances en fonction des évaluations qualitatives

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Figure 6. 25 : Relation entre auto-évaluation quotidienne de la mémoire et performance de laboratoire, en fonction des consignes d'encodage. Les chiffres présentés au côté de chaque point indiquent le nombre de sujets concernés.

Afin de déterminer plus précisément la nature des relations entre auto-évaluation de la mémoire quotidienne et performance réelle, nous avons comparé les moyennes de performance pour chaque groupe et chaque niveau d'auto-évaluation de la performance quotidienne (annexe 6.17 et figure 6.25). Il se trouve que dans cette situation, aucune différence n'apparaît au seuil .05, c'est-à-dire que les estimations favorables ne s'accompagnent pas de meilleures performances dans notre expérience de laboratoire (malgré les coefficients de corrélation observés entre les deux variables). Cela est vrai, que l'on considère la performance en rappel libre 1, en rappel libre total ou encore en rappel total (libre + indicé).

Tout au plus, nous obtenons quatre comparaisons (sur 36) pour lesquelles le « t» calculé est compris entre les « t» théoriques à .05 et .10 :

  • dans le groupe « encodage incident» entre les niveaux d'auto-évaluation quotidienne « moyenne» et « bonne» pour le premier rappel libre (t(25)=-1,75) et entre les niveaux « mauvaise» et « bonne» pour le rappel libre total (t(14)=-2,07),

  • dans le groupe « encodage intentionnel» entre les niveaux d'auto-évaluation « mauvaise» et « bonne» pour le premier test de rappel libre (t(19)=-1,70) et le rappel libre total (t(19)=-1,71, tous les autres |t| sont compris entre 0,02 et 1,51).

Ce résultat tend à montrer que le processus d'auto-évaluation de la mémoire quotidienne ne se base pas directement sur la performance objective obtenue dans l'expérience et qu'il reste difficile pour les sujets de différencier des degrés de qualité de la mémoire à partir des performances réalisées au cours de l'expérience. Nous ne pouvons pas, évidemment, contrôler l'objectivité de leur auto-évaluation quotidienne ; le moyen de tester la cohérence de l'auto-évaluation sera de la confronter à un autre questionnaire d'auto-évaluation (Baddeley, 1993) administré en dehors de cette session expérimentale (chapitre 7).

Si nous comparons la performance réelle des trois groupes de sujets pour chacun des niveaux d'auto-évaluation qualitative (figure 6.25), nous constatons que l'appréciation de la mémoire quotidienne est indépendante du niveau de performance obtenu en laboratoire, c'est-à-dire que les sujets utilisent les mêmes niveaux de l'échelle d'évaluation en cinq points pour des performances très différentes :

  1. Les sujets du groupe contrôle ont des performances nettement supérieures à celles des sujets des autres groupes, indépendamment de l'estimation de leur mémoire quotidienne : mauvaise, moyenne ou bonne (annexe 6.17).

  2. La performance des sujets du groupe « intentionnel» est meilleure que celle des sujets du groupe « incident» pour le niveau d'évaluation quotidienne « moyenne» (LI1 ; t(18)=-2,57, p<.02). Cette différence disparaît lorsque l'on considère le rappel libre total (t(18)=-1,33, ns). La différence entre ces deux mêmes groupes est presque significative pour le niveau « bonne mémoire quotidienne» (rappel libre : t(20)=-1,78, p<.10) et pour le niveau « mauvaise mémoire» (rappel total : t(13)=-1,87, p<.10).

Ces données tendent à montrer que l'auto-évaluation de la mémoire quotidienne est élaborée indépendamment de la performance réalisée dans la tâche de laboratoire, surtout dans le groupe contrôle. Chez les deux groupes soumis à la tâche d'orientation, l'effet de la situation expérimentale est plus apparent mais ne peut expliquer à lui-seul la nature de l'appréciation du niveau de performance quotidien.