6.6.2011Effet de l'intention sur les jugements de métamémoire

Nous obtenons un ensemble de résultats qui permettent d'évaluer l'effet des conditions expérimentales sur les jugements prédictifs et évaluatifs (métamémoire).

Tout d'abord, il semblerait que les sujets contrôles prennent en considération certains aspects de la situation pour émettre leurs jugements : leur estimation du nombre d'items est plus adéquate et leurs prédictions sont plus hautes que celles des deux autres groupes. Ils font donc des prédictions objectives compte tenu des caractéristiques de la situation.

Les évaluations des prédictions en termes qualitatifs et les estimations de la certitude d'atteindre la performance prédite ne sont pas influencées par les consignes de départ. Si ce type de jugement est réalisé indépendamment de la condition, c'est probablement parce que les sujets ne disposent pas de « références théoriques» sur la performance moyenne à ce genre de tâche. Il est vrai que la tâche de mémoire demandée dans cette expérience ressemble peu aux tâches quotidiennes. Aussi, les jugements qualitatifs apparaissent-ils plutôt biaisés par l'utilisation de la croyance selon laquelle une performance moyenne correspond à la moitié des points (Hertzog et Dixon, 1994). Tous les sujets modifient négativement leur estimation qualitative de la performance prédite (lors de la seconde phase de prédiction) alors que cette prédiction est plus grande en nombre de mots et plus petite en pourcentage. Il va de soi que l'évaluation qualitative procède d'un calcul de proportion plutôt que d'une considération « objective» du niveau de performance.

L'évaluation de la qualité de la mémoire quotidienne n'est pas influencée par les conditions de l'expérience alors que l'évaluation de la performance réelle en dépend : les sujets naïfs à propos du test de mémoire futur estiment que leur performance réelle est moins bonne, ce qui constitue un jugement objectif.

Considérons la spécificité des sujets soumis à la tâche de décision lors de l'encodage, mais avertis de la présence d'un test de mémoire ultérieur. Ces derniers sont ceux qui sous-estiment le plus le nombre d'items présentés et qui, en conséquence, changent le plus leur prédiction entre les deux étapes du jugement. La première prédiction était faite en fonction du nombre d'items que le sujet pensait avoir vus alors que la seconde prédiction était faite en fonction du nombre de mots réellement présentés, soit 30. Comparativement au groupe soumis à la consigne d'encodage incident, leurs jugements sont généralement plus bas (prédiction, évaluation qualitative, certitude, évaluation de la mémoire quotidienne) mais de manière non-significative. Par contre, ils évaluent leur performance réelle de la même façon que les sujets contrôles ; ils sont donc moins objectifs que leurs pairs du groupe incident lors de cette évaluation. En résumé, il apparaît que la consigne d'encodage intentionnel avec fortes contraintes de traitement influence négativement l'auto-évaluation (auto-efficacité non conforme à la performance) ou le monitoring de la mémoire. Nos données ne permettent pas de déceler si ces sujets ont des difficultés dans l'appréhension des caractéristiques de la tâche, leur propre auto-efficacité ou la considération de l'interaction entre les caractéristiques de la tâche et leur propre compétence.