7.3.2.1011Corrélations entre auto-évaluations conatives et performance

Tableau VII. 3 : Corrélations entre les différentes évaluations d'ordre conatif et la performance en rappel libre (LI1). Significativité : *** .01, **.02, * .05, italiques : .10.
Groupes de l'expérience – consignes d'encodage Ensemble
Incident
(ddl = 35)
Intentionnel
(ddl = 34)
Contrôle
(ddl = 36)
des sujets
(ddl = 109)
Forme générale 313 152 -.234 018
Stress -.112 301 323 * 039
Motivation 089 058 -.045 -.114
Intérêt 066 275 149 -.114
Déception 196 -.253 234 202 *

Le tableau VII. 3 présente, pour chaque question, le coefficient de corrélation obtenu entre le niveau de l'échelle d'évaluation et le nombre de mots rappelés. La première conclusion à tirer d'une telle configuration est que l'auto-évaluation sur des variables conatives n'est pas liée au niveau de performance mnésique. Seules quelques tendances se dégagent qui font apparaître des divergences entre les groupes expérimentaux :

  • dans le groupe incident, la forme générale tend à être positivement liée à la performance (r(35)=.313, p<.10),

  • dans les deux groupes avec consignes de mémoire (encodage intentionnel avec et sans tâche d'orientation), on observe une relation entre niveau de stress et performance : les sujets (qui se disent) plus anxieux tendent à obtenir de plus faibles scores de mémoire (rintentionnel(34)=.301, p<.10 ; rcontrôle(36)=.323, p<.05),

  • l'intérêt pour l'épreuve jugé après la tâche de rappel tend à être lié à la performance chez les sujets du groupe intentionnel seulement (rintentionnel(34)=.275, p<.10) ; les personnes qui se disent plus intéressées ont obtenu une meilleure performance,

  • sur l'ensemble du groupe, le degré de déception est corrélé avec la performance (rensemble(109)=.202, p<.05).

On aurait pu s'attendre à une corrélation positive plus forte entre déception (le point le plus bas de l'échelle représente une déception maximale) et la performance réelle, dans l'hypothèse où les sujets sont aptes à estimer la qualité de leur performance dans le cadre de cette expérience. Une cause possible de cette faible valeur provient de la contribution du groupe intentionnel, où le coefficient est négatif et environ de même ampleur (rintentionnel(34)=-.253, p>.10). Cela signifie que les sujets de ce groupe font des jugements qui peuvent paraître irrationnels : ceux qui ont les meilleures performances paraissent plus déçus que ceux qui ont les plus faibles performances. Devrions-nous voir dans ce résultat une nouvelle indication de la perturbation engendrée par la triple consigne de rapidité de la décision (tâche d'orientation), d'exactitude de la décision et de mémorisation des mots-cibles. Mais cela ne constitue en réalité qu'une tendance puisque les coefficients ne sont pas significatifs à l'intérieur de chaque groupe.

Une seconde raison au manque de corrélation, valable également pour les autres échelles, provient du manque de variabilité dans les choix de réponse possible : globalement, les sujets restreignent leurs jugements sur deux catégories de l'échelle et rares sont ceux qui optent pour les réponses extrêmes. Concernant toutes les questions dites conatives, et plus spécifiquement l'échelle de déception, nous pouvons être face à un problème de désirabilité sociale qui interdit de fournir des réponses montrant les sujets sous un jour peu valorisé socialement, par exemple, qui leur interdit d'annoncer qu'ils sont très fiers de leur performance, ou de dire qu'ils ne sont pas du tout motivés pour participer à l'expérience...

L'étude des moyennes de performances pour chaque niveau d'évaluation va nous permettre de mieux cerner la nature des relations entre les auto-évaluations et la performance mnésique (annexe 7.4). Compte tenu de la répartition inégale des sujets dans chaque niveau d'estimation et des faibles effectifs qui en résultent, nous devons émettre quelques réserves sur les interprétations possibles des résultats obtenus. Néanmoins, nos données peuvent ouvrir des perspectives de recherche intéressantes concernant les relations entre conation et mémoire.