7.4.2.3011Comparaison des trois groupes sur la proportion moyenne de réponses choisies dans chaque catégorie d'attribution

Afin d'affiner les analyses précédentes, nous avons étudié les effets des conditions expérimentales (i.e., du groupe ou des consignes) sur la proportion de réponses sélectionnées dans chaque catégorie d'attribution (annexe 7.7 et figures 7.7 et 7.8). Nous avons relevé, pour chaque sujet, le nombre de choix appartenant à une catégorie d'attribution donnée (e.g., interne, cognitif+, conatif-, tâche...) et l'avons divisé par le nombre de choix possibles (items) dans cette catégorie. Nous avons ensuite effectué une série d'analyses de variance à un facteur (groupe) sur la proportion de réponses sélectionnées (annexe 7.7 pour détail des analyses).

Les analyses montrent que le nombre de réponses choisies ne varie pas significativement entre les trois groupes pour les dimensions suivantes :

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Figure 7. 7 : Proportions moyennes de choix dans chaque catégorie d'attributions internes en fonction des groupes expérimentaux.

Par contre, il existe des différences significatives dans la proportion de réponses sélectionnées pour certaines dimensions, résultat qui conforte les analyses effectuées précédemment sur l'ensemble des réponses.

  1. Les groupes se distinguent dans leur choix des items de la dimension générale d'internalité (F(2;108)=3,19, p<.05) : les sujets du groupe contrôle choisissent plus d'items appartenant à cette catégorie que les sujets des deux groupes soumis à la tâche d'orientation (respectivement pour les groupes incident, intentionnel et contrôle, .170, .175 et .215). Ces différences peuvent être plus finement examinées en comparant les proportions de choix effectués dans les sous-catégories de cette dimension (figure 7.7).
    Les items internes à connotation positive (effet supposé bénéfique pour la performance) sont plus souvent choisis par les sujets contrôles que par les sujets du groupe intentionnel, alors que le nombre de choix effectués dans cette catégorie d'attribution par les sujets du groupe incident est intermédiaire et ne diffère pas significativement de celui des deux autres groupes (F(2;108)=4,71, p=.011 ; respectivement pour les trois groupes, .132, .066 et .188).
    Inversement, on constate que les sujets du groupe intentionnel choisissent plus de réponses internes à orientation négative que ceux des deux autres groupes (F(2;108)=3,30, p=.041 ; moyennes respectives de .152, .219 et .148).
    L'attribution de la performance aux stratégies d'étude du matériel est plus fréquente dans le groupe contrôle que dans les deux groupes soumis à des contraintes lors de la prise d'information (F(2;108)=8,09, p<.01 ; moyennes respectives de .622, .694 et .974).
    Les explications cognitives formulées positivement (efforts, bonne capacité, attention, entraînement) sont les plus nombreuses dans le groupe contrôle (F(2;108)=5,69, p<.01 ; moyennes de .142, .063 et .237) alors que les explications cognitives formulées négativement (manque d'efforts, mauvaise capacité, manque d'attention, manque d'entraînement) sont plus nombreuses dans le groupe intentionnel (F(2;108)=3,87, p=.024 ; moyennes de .250, .319 et .178).
    Alors que le nombre d'attributions conatives formulées positivement (bonne forme générale, intérêt, motivation, sérénité) ne diffère pas entre les trois groupes, le nombre d'attributions conatives formulées négativement (mauvaise forme générale, manque d'intérêt, manque de motivation, stress) sont plus fréquentes dans les deux groupes avertis à l'avance du test de mémoire futur (F(2;108)=3,06, p=.051 ; moyennes de .054, .118 et .118). Ainsi, pour expliquer leur niveau de performance réelle, les sujets soumis aux conditions d'encodage intentionnel semblent-ils plus enclins à évoquer des raisons tenant à des « défaillances» de leur état affectif et motivationnel. Ce résultat est intéressant dans la mesure où il fait apparaître une relation, théoriquement fondée et pertinente, entre l'intention associée à un comportement et l'état conatif de la personne : pour qu'une intention soit menée à terme, il est nécessaire que certaines conditions d'ordre motivationnel ou affectif soient remplies. Toutefois, nous constatons que seul le versant perturbateur de l'état interne conatif est considéré comme origine éventuelle de la performance de mémoire.

  2. Concernant la dimension générale d'externalité (F(2;108)=18,48, p<.01), les sujets soumis à de fortes contraintes choisissent plus de réponses appartenant à cette catégorie que les sujets contrôles (respectivement, .182, .187 et .075 ; figure 7.8).

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Figure 7. 8 : Proportions moyennes de choix dans chaque catégorie d'attributions externes et dans les catégories relatives au temps d'encodage en fonction des groupes expérimentaux.

Cette différence tient essentiellement au choix plus fréquent des explications externes négatives (F(2;108)=5,91, p<.01 ; moyennes de .090, .130 et .018) et de l'item portant sur l'effet des caractéristiques de la tâche pour lequel les sujets étaient invités à fournir des précisions (F(2;108)=18,51, p<.01 ; moyennes de .946, .861 et .447) dans les deux groupes soumis à la tâche d'orientation.

En réalité, compte tenu du faible nombre de sélections attachées aux facteurs de chance, les différences observées sur la dimension d'externalité s'expliquent exclusivement par des divergences inter-groupes dans l'attribution de la performance à des causes liées à la tâche (F(2;108=19,41, p<.01 ; moyennes de .414, .426 et .175). Plus spécifiquement, deux items sur les trois appartenant à la catégorie « tâche» sont sélectionnés différemment en fonction des consignes expérimentales : l'item général sur les caractéristiques de la tâche (cf. ci-dessus) et l'item relatif à la difficulté de la tâche (F(2;108)=6,60, p<.01 ; moyennes de .243, .389 et .053). Dans les deux cas, les sujets soumis à de plus fortes contraintes reconnaissent plus volontiers l'effet de ces facteurs sur leur niveau de performance.

  1. L'attribution de la performance au facteur de temps passé à étudier le matériel tend à être fonction des consignes (F(2;108)=2,45, p=.091 : moyennes de .297, .333 et .211 ; figure 7.8) et oppose plus particulièrement les groupes intentionnel et contrôle : les sujets soumis aux plus fortes contraintes évoquent plus fréquemment le facteur temps comme origine possible de leur performance. L'item formulé positivement (temps passé à étudier le matériel) n'a jamais été choisi par les sujets du groupe intentionnel, ce qui tend à les distinguer des sujets des deux autres groupes (F(2;108)=2,70, p=.072 ; moyennes de .135, 0 et .132). Par contre, la fréquence de choix de l'item formulé négativement (manque de temps) est fonction du niveau de contrainte imposé par la situation expérimentale (F(2;108)=5,69, p<.01 ; moyennes de .460, .667 et .290) : les sujets soumis aux plus fortes contraintes pensent plus volontiers que leur performance provient du manque de temps d'étude. Ils tendent à évoquer plus fréquemment cette cause que les sujets du groupe incident, soumis exactement aux mêmes conditions d'encodage de l'information (avec l'avertissement sur l'épreuve de mémoire en moins).