7.4.4011Conclusion partielle

Dans cette partie, nous avons examiné les attributions causales de la performance chez des sujets soumis à diverses conditions d'encodage. Cette étude apporte des éléments complémentaires aux observations rapportées au chapitre 6 et permet de soutenir quelques interprétations émises face à des résultats imprévus par nos hypothèses, notamment concernant le groupe de sujets soumis à une double consigne de mémorisation intentionnelle et de décision.

Tout d'abord, nos données montrent que le patron d'attributions peut être un indicateur plus objectif de la prise en compte des conditions expérimentales que les tâches directes de prédictions et d'évaluations. L'attribution pourrait être considérée comme une mesure indirecte de la connaissance, ou représentation d'une situation de mémorisation. En effet, les sujets des différents groupes prédisent à peu près autant de mots, donnent des évaluations qualitatives similaires, utilisent les mêmes niveaux des l'échelle ; par contre, ils se distinguent nettement par la nature des explications de la performance fournies. Nous voyons par exemple que les sujets soumis à de fortes contraintes lors de l'encodage privilégient les explications causales de type externes alors que les sujets libres de gérer leur processus d'encodage favorisent les explications internes (hypothèse 3.2.1. vérifiée). Nous constatons également que les sujets soumis à une double consigne (tâche difficile) sélectionnent plus que les autres des explications à connotation négative, notamment de nature cognitive (capacité, efforts...).

Les relations entre la fréquence du choix de différents types d'attributions et les autres variables relevées dans l'expérience (performance, évaluations, prédictions) font ressortir les spécificités des trois conditions d'encodage (tableau VII.12). Par exemple, le groupe contrôle (gestion libre de l'encodage) obtient des performances plus fortes et sélectionnent plus d'attributions internes positives (capacité, efforts...) ; aussi, sur l'ensemble des sujets, ces deux variables sont corrélées. Mais elles le sont aussi à l'intérieur du groupe, c'est-à-dire que dans la condition contrôle, le niveau d'efficience mnésique est lié au style d'attribution interne.

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Tableau VII. 12 : Quelques exemples de corrélations entre la fréquence de choix des attributions de différents types et les variables mesurées dans l'expérience. En jaune : cohérence entre deux groupes. En orange : corrélations dues aux consignes. En vert : spécificité d'un groupe. Significativité : ital. : .10, * : .05, ** : .02, *** : .01.

Nous avions détecté au chapitre précédent une perturbation des processus de jugement chez les sujets qui devaient à la fois tenter de retenir le matériel présenté et répondre rapidement et efficacement à des questions sur ce matériel. Nous montrons dans cette partie que cette perturbation est assortie d'un patron spécifique d'attribution de la performance (amplification de l'auto-dépréciation) et de relations entre ces attributions et les autres variables de l'expérience. La cohérence des différents jugements est moins importante dans ce groupe (exemples dans le tableau VII. 12) : cela signifie que, pour au moins une partie des sujets de ce groupe, les conditions expérimentales déclenchent une perturbation des jugements (modification des éléments pris en compte pour émettre les jugements). Les sujets naïfs sur l'issue de la tâche d'orientation (test de mémoire) montrent, comme les sujets contrôles (absence de tâche d'orientation), une cohérence plus grande entre leur style d'attribution, leur niveau de performance et leurs jugements de métamémoire, ce qui conforte, au niveau de ces deux groupes notre hypothèse 3.2.2.

Il convient maintenant d'examiner notre hypothèse relative aux associations entre métamémoire et un autre type de dimensions écologiques : les traits de personnalité ou la manière d'être habituelle des individus.