7.5.1.6011Anxiété et attributions causales de la performance

L'examen des relations entre le type d'attributions sélectionnées pour expliquer le niveau de performance atteint en rappel libre (proportion d'items choisie dans chaque catégorie d'attribution : e.g., interne, externe, interne +, interne -¹⁹⁵, ...) et le niveau d'anxiété individuel, nous conduit à un constat assez clair : les plus fortes relations sont observées dans le groupe de sujets soumis aux conditions expérimentales les plus difficiles (annexe 7.13). En particulier, les sujets qui attribuent plus souvent leur performance aux causes que nous avons appelées internes négatives tendent à être les plus anxieux (r(14)=.48, p<.10). Inversement les sujets qui attribuent plus volontiers leur performance à des causes externes tendent à être les moins anxieux (r(14)=-.46, p<.10), et cela est particulièrement vrai, pour les causes externes négatives (r(14)=-.753, p<.01). La prudence est de rigueur sur l'interprétation de ces résultats, obtenus sur de faibles effectifs. Mais nous pouvons nous demander si les relations observées ne démontrent pas une fois de plus, le caractère perturbateur de la condition expérimentale « encodage intentionnel avec tâche d'orientation» . Dans cette seule condition, les attributions faites par les sujets semblent être en relation avec leur niveau d'anxiété, mesuré par un outil standardisé. L'anxiété habituelle pourrait donc bien intervenir dans le processus d'attribution causale de la performance, mais seulement lorsque les sujets sont placés dans des conditions de fortes contraintes cognitives. Ce résultat concorde avec une interprétation conative de la perturbation de jugements discutée précédemment : les sujets habituellement plus anxieux favoriseraient les explications auto-dépréciatrices alors que les sujets moins anxieux favoriseraient les explications externes. Une explication alternative doit être considérée dans la mesure où l'échelle d'anxiété était remplie après l'expérience de laboratoire. L'effet des contraintes situationnelles sur les processus de jugement, d'auto-évaluation et d'attribution peut s'être propagé aux mécanismes d'auto-analyse mis en jeu pour répondre au questionnaire de Cattell. Cela montrerait la nature anxiogène de la perturbation du jugement induite par cette condition de l'expérience.