7.6.1.3011Structure de l'auto-évaluation : conclusion partielle

Quelques divergences ont pu être relevées dans les réponses au questionnaire d'auto-évaluation de la mémoire quotidienne selon les groupes expérimentaux constitués pour les besoins de notre expérience. Bien que ces divergences puissent être imputées à des problèmes d'effectifs (faible nombre de sujets et disproportion inter-groupes), nous sommes tentée de conclure à un effet de la situation expérimentale sur l'estimation de la fréquence des problèmes de mémoire dans les situations quotidiennes.

Il faut toutefois distinguer deux aspects dans le patron de réponse au questionnaire d'auto-évaluation. Le premier aspect, qui ne permet pas de distinguer les trois groupes expérimentaux, concerne la connaissance du fonctionnement de la mémoire ; les sujets, quelles que soient les conditions de l'expérience, tendent à ordonner les situations mnésiques de manière identique en fonction de la fréquence des difficultés rencontrées. A ce niveau, leurs réponses sont également cohérentes avec celles de la population de référence.

L'effet des conditions expérimentales auxquelles ont été soumis les sujets se manifeste au niveau de la structure des covariations entre les vingt-huit items du questionnaire. L'auto-évaluation de la mémoire quotidienne n'est pas représentée par les mêmes items selon les groupes. De façon notoire, on constate que les items décrivant des troubles de mémoire inquiétants contribuent le plus à l'auto-évaluation globale dans le groupe intentionnel et, de façon un peu moins marquée, dans le groupe incident. Cela démontre que la perception du (dys)fonctionnement mnésique quotidien pourrait être liée, dans ces deux groupes, à une estimation erronée de la fréquence de difficultés peu courantes. Il semble que la seule explication plausible de cet effet doit être recherchée dans les conditions de l'expérimentation. L'auto-évaluation de la mémoire quotidienne semble souffrir de la confrontation à une tâche préalable assez difficile, où les sujets ne pouvaient pas contrôler leur processus de mémorisation (soit parce qu'ils n'étaient pas avertis de la présence d'un test de mémoire : groupe incident ; soit parce qu'ils devaient réaliser la tâche sous consignes multiples et interférentes : groupe intentionnel). Le contexte joue ici un rôle sur les mécanismes subjectifs d'auto-évaluation alors que l'aspect objectif mentionné précédemment (connaissance des situations de mémoire) ne semble pas affecté. Remarquons que nos analyses permettent de dissocier deux aspects de la métamémoire discutés dans la littérature (Hertzog et Dixon, 1994) : la connaissance et l'auto-efficacité. De façon totalement imprévue, nos données nous autorisent à soulever une problématique qui pourrait mener à de nouvelles perspectives de recherche : la connaissance de la mémoire serait relativement stable et indépendante du contexte alors que l'auto-efficacité serait sujette à des variations contextuelles importantes (y compris effets de contexte externe ou situationnel et interne : motivationnel, affectif, émotionnel...). A la réflexion, nous pouvons établir ici un parallèle entre un point de vue sur la mémoire (mémoire sémantique / mémoire épisodique) et un point de vue sur la métamémoire (connaissance / auto-efficacité).

Malgré les effets possibles de contexte, nous allons examiner les relations qu'entretiennent la métamémoire générale (évaluée sur des situations quotidiennes), la métamémoire spécifique (exprimée lors d'une tâche de laboratoire) et les divers autres indicateurs relevés dans l'expérience (performance, évaluations conatives, attributions et traits de personnalité).