7.6.7011Relations entre Anxiété, Locus de contrôle et Auto-évaluation quotidienne de la mémoire

Nous observons une corrélation assez forte dans le groupe contrôle uniquement (et sur l'ensemble des sujets) entre la fréquence auto-évaluée des problèmes mnésiques quotidiens et le niveau d'anxiété mesuré par l'échelle de Cattell (r(33)=.45, p<.01 et r(55)=.33, p<.02 ; annexe 7.21). Une plus forte anxiété semble donc associée à une auto-efficacité plus basse. Ce résultat est cohérent avec une conception affective de l'auto-efficacité mnésique. Cet aspect de la métamémoire, consistant à évaluer ses propres capacités, serait fortement dépendant de l'état affectif et des croyances du sujet. Nous confirmons l'hypothèse proposée par certains chercheurs selon laquelle la connaissance de la mémoire, exprimée par la dimension d'auto-efficacité, traduirait plus le niveau d'anxiété que la performance réelle (Lieury et al., 1994). Cependant, nos résultats montrent par ailleurs que l'auto-efficacité, si elle ne prédit pas directement le niveau de performance en laboratoire, est reliée aux jugements ponctuels exprimés en cours de tâche (niveau de prédiction), qui s'avèrent quant à eux assez réalistes dans certaines conditions.

La seule corrélation observée entre les trois tests complétés indépendamment de la session expérimentale n'est pas reproduite dans les deux autres groupes et prend même une allure inverse dans le groupe incident (r(11)=-.42, ns). Il faut remarquer que le manque d'observations peut obscurcir les résultats obtenus. Cependant, il apparaît assez clairement que l'auto-évaluation de la mémoire quotidienne ait subi l'influence des conditions expérimentales. Dans la mesure où le questionnaire a été rempli après la tâche de laboratoire par tous les sujets, nous en déduirons que l'auto-évaluation, en plus de refléter une dimension affective de la métamémoire, est extrêmement sensible aux conditions dans lesquelles elle est exprimée. Notamment, une expérience d'échec mnésique vécue dans un contexte où le contrôle des processus mnésiques était restreint semble avoir influencé les processus de jugement, y compris lors de la réalisation de tests standardisés.