Université Lumière Lyon II
Institut de Psychologie
Thèse
En vue de l’obtention du grade de
Docteur de l’Université Lyon II
en Psychopathologie et Psychologie Clinique
Les Maisons d’Accueil Spécialisées,Architecture et Représentations d’un Lieu Utopique de la Réparation
Présentée et soutenue publiquement
Le 31 Janvier 2001 par :
M. Stéphan COURTEIX
Directeur de Thèse
M. le Pr. Paul Fustier
Membres du Jury
M. Bernard Duprat : Architecte DPLG, Maître Assistant à l’Ecole d’Architecture de Lyon, HDR en Philosophie, Directeur scientifique du Laboratoire d’Analyse des Formes (E.A.L.)
M. le Pr. Paul Fustier : Professeur Emérite en Psychologie à l’Université Lyon 2, Directeur de Thèse
M. le Pr. Alex Lefèbvre : Professeur en Psychologie à l’Université Libre de Bruxelles, Directeur du Service de Psychologie Clinique et Différentielle
M. le Pr. René Roussillon : Professeur en Psychologie à l’Université Lyon 2, Directeur du Département de Psychologie Clinique
Mme Claudine Vacheret : Maître de Conférence HDR en Psychologie à l’Université Lyon 2

A Thomas,

Remerciements

La présentation de ce travail est un moment important pour moi, car cette recherche est le fruit de l’orientation nouvelle que j’ai souhaité donner, voilà maintenant quatre ans, à mon parcours universitaire et professionnel, et peut-être bien plus encore, à mon itinéraire personnel.

Je tiens donc à remercier Mme Claudine Vacheret, M. Bernard Duprat, et MM. les Pr. Paul Fustier, Alex Lefèbvre et René Roussillon, membres de mon jury, pour avoir accepté de partager ce moment, de discuter et d’évaluer cette thèse, qui constitue de ce nouveau parcours un premier aboutissement.

Mais la concrétisation de ce dessein, je la dois avant tout à Pierre Dosda, sans l’impulsion et les encouragements duquel je ne me serais certainement pas engagé dans cette voie sans grande appréhension, ce en quoi je le remercie tout particulièrement.

Je dois aussi sa mise en oeuvre à la confiance qu’ont témoignée M. le Pr. Paul Fustier, et MM. les Pr. Bernard Chouvier et René Roussillon, en mes capacités à mener à bien un tel projet... Le premier pour avoir accepté de m’accompagner et de me guider depuis le D.E.A. tout au long de ce parcours, avec un enthousiasme indéniablement stimulant, et les seconds pour m’avoir accueilli au sein de la formation doctorale de psychologie clinique de l’Université Lyon 2, dans le cadre du C.R.P.P.C. ... je les en remercie tous trois sincèrement.

Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à l’ensemble des personnels qui ont accepté de travailler avec moi au fil de mon parcours de recherche, ainsi qu’aux directeurs d’établissement qui ont consenti à ce que leur institution en soit partie prenante. Plus que de la matière qu’ils y ont apportée, c’est de l’enrichissement personnel de ma réflexion que je leur suis redevable.

A cet égard, j’ai une pensée particulière pour Daniel Brandého qui m’a très tôt apporté son concours, non seulement en m’intéressant à ses travaux, mais encore en me donnant de multiples occasions de présenter les miens... et au cours desquelles j’ai pu connaître, entre autres, M. le Dr. Gérard Massé et M. René Clouet, directeur du C.R.E.A.I. des Pays-de-Loire, rencontres qui furent d’une grande importance pour l’avancée de ma réflexion.

Je veux aussi remercier ici tous les enseignants, membres du C.R.P.P.C., qui ont contribué depuis quelques années à ma formation de clinicien, sur les seules bases de mon parcours d’autodidacte, et pour qui la tâche ne fut certainement pas aisée. Je pense plus spécifiquement ici à Mme Claudine Vacheret, qui m’a accompagné tout au long de mon D.E.A., m’a intéressé et formé à l’animation des groupes Photolangage©, qui fut pour moi une véritable école de la clinique.

Elle a été à cet égard une interlocutrice privilégiée au cours du développement de ma Thèse, et je lui en suis profondément reconnaissant.

Toutes mes pensées vont bien évidemment à ceux qui m’ont accompagné au fur et à mesure de l’avancée de ma recherche, pour l’intérêt qu’ils ont manifesté pour mes travaux, et surtout pour le soutien qu’il m’ont apporté afin que je les mène à bien : Claire, Florence et Valérie, les Trois drôles... d’allocataires, qui furent mes compagnes de labeur ; Catherine, que je ne remercie pas tant pour son café que pour sa bonne humeur et son énergie communicatives ; et Gabriela Comte, à qui je suis redevable entre autres choses, de la réelle sollicitude dont elle a fait preuve à mon égard, pour faciliter mon intégration au sein du C.R.P.P.C., dont elle est indéniablement la pierre angulaire, parole d’architecte.

Mes remerciements vont également à mes collègues enseignants de l’Ecole d’Architecture de Lyon : outre Bernard Duprat et Pierre Dosda, je pense à Pierre Bost, Claude Hourcade, et Jean-Pierre Naimo, ainsi qu’à Particia Baumann, Jean-François Gallet et Véronique Giorgiutti. Et je tiens à exprimer plus spécifiquement ma gratitude à AbdelKader BenSaci, pour m’avoir autorisé à exploiter le fruit de ses propres travaux, pour son aide précieuse et nos discussions fructueuses pour ma recherche.

Pour finir, et en priant ceux que j’oublie de citer de bien vouloir m’excuser, je tiens à réserver mes derniers remerciements à ceux qui ne pourront s’en offenser, puisqu’ils savent la place qu’ils tiennent dans ma vie.Il s’agit bien évidemment de mes parents et de ma soeur Corinne, de Marcel et de mon neveu, venu il y a peu agrandir la famille.

Il s’agit aussi de deux amis qui occupent une place toute particulière dans mon coeur et mes pensées.

Ils ont su m’accompagner dans mon projet et m’épauler dans les aléas de sa mise en oeuvre, et je leur suis en grande partie redevable de l’aboutissement qu’il trouve aujourd’hui dans cette thèse :

Michel-Claude et Alba, que je remercie pour leur indéfectible soutien et leur vif intérêt, pour être venu enrichir et éclairer ma réflexion au fil de nos discussions,par leurs questions, leurs critiques, leurs conseils...

Qu’ils reçoivent ici les marques de la profonde amitié que je leur porte.

« El sueño de la razón produce monstruos »
Le sommeil de la raison engendre des monstres.
Francisco Goya, Los Caprichos, 1799

« La folie est la pire des infortunes, c’est de tous les maux qui affligent l’humanité
celui contre lequel, de tout temps, elle s’est le plus violemment révoltée ;
aussi, nous devons édifier des établissements qui constituent de véritables
chemins de roses menant les aliénés vers la guérison »
Evariste Marandon de Montyel, 1894.

« Les institutions obsédées par la mort psychique, courent le danger en voulant l’éviter
de ne voir en Thanatos que sa face démoniaque bien réelle
et de donner à celle-ci tout le champ à investir »
Eugène Enriquez, 1987

Avant-Propos

« – Des larmes que j’ai versées à cause de toi, on pourrait remplir des lacs, des mers, des océans [...]
– Si l’on rassemblait en un seul point toute l’énergie que j’ai consacrée à me dominer vis-à-vis de toi, et qu’on y allume une mèche, il y aurait de quoi faire sauter une montagne toute entière [...]
– Si l’on avait mis jour après jour depuis dix ans toute ma patience en bocal et que l’on veuille aujourd’hui la redistribuer aux agités de ce monde, nous aurions devant nous dix siècles de paix [...]
– Si l’on pesait tout ensemble tous les soucis que je me suis faits à cause de toi, il ne se trouverait pas de fléau assez fortement trempé pour en soutenir le poids [...]
– Si l’on comptait un cadavre pour chaque fois que j’ai pensé ta mort, notre ville serait aujourd’hui dépeuplée comme un désert [...]
– Tous les hommes que je n’ai pas aimés, toutes les joies dont je me suis privée, tout le luxe dont je n’ai pas joui, tous les métiers que je n’ai pas exercés, tous les voyages que je n’ai pas faits, toutes les vies que je n’ai pas vécues, tous les enfants que je n’ai pas eus, tous les rêves que je n’ai pas exaucés, tous les péchés qui sont les miens, c’est toi, toi, et encore toi...[...]
– Pourtant... si mon amour pour toi se pouvait mesurer à la chaîne d’un arpenteur, ma chérie, cette chaîne assurément ferait le tour du monde... ».
Eric Westphal, Toi et tes nuages, Acte II scène I, 1971

Quiconque eut un jour à rencontrer le handicap sera sans aucun doute passé par d’aussi violentes émotions, ressentant des effets pareillement antagoniques, partagés entre amour, compassion, haine et désespoir. Au fil de mon parcours de recherche, j’y ai moi-même été confronté, parfois jusqu’au plus profond de mon être, tout comme chacun de ceux, parents, amis, professionnels, qui le sont, l’ont été ou le seront, dans la rencontre brutale mais aussi la vie quotidienne avec les personnes handicapées. La violence qui ne manque d’émerger en chacun de nous dans les relations parfois difficiles à nouer avec elles, on ne saurait trop l’oublier, quand elle n’est pas pure agressivité, repose sur des bases naturelles et innées, indispensables à la survie de tout individu.

Ces mouvements inconscients qui naissent dans la psyché de tout un chacun sont en effet légitimes, ils relèvent d’un véritable mécanisme de sauvegarde psychique. Et la confrontation au handicap profond semble être parmi les situations paroxystiques les plus susceptibles d’activer en nous de telles forces.

Aussi, dans ce temps et cet espace en marge de la recherche, de son écriture et de sa lecture, je tiens à souligner combien il importe que le lecteur garde en mémoire, tout au long du parcours auquel je le convie ici, que la violence qui s’y trouve mise en lumière, J.Bergeret l’a assez montré, non seulement relève de la vie psychique inconsciente, mais plus encore qu’elle y est nécessaire... et que c’est sans aucun doute au prix de son oeuvre souterraine que l’on peut vivre auprès de personnes profondément dépendantes, sans les détruire et sans se détruire, pour pouvoir les aider mais aussi et surtout pour pouvoir les aimer.