1.3 Hypothèses de Travail

1.3.1 Hypothèse principale

Nous avons eu l’intuition que, par ce qui s’est greffé dans l’architecture même de l’institution, le groupe instituant donne à voir quelque chose de sa propre représentation du polyhandicap, mais aussi et surtout donne à voir la part d’irreprésentable que recèle ce dernier... la matérialité des murs, de par leur inertie, semblant alors se poser comme le lieu d’accueil électif permettant de figer le non-lié, le non-intégré, le non-représentable du handicap sévère, et s’offrir comme lieu de figuration des défenses du groupe instituant à l’égard de la pathologie réelle et fantasmée des résidents.

Nous avons vu, à partir d’un faisceau de quatre observations et/ou questionnements, qu’un rapprochement semblait possible entre la mentalité utopique et la problématique de notre recherche sur les Maisons d’Accueil Spécialisées :

  • Tout d’abord, le caractère traumatique pour les parents de l’annonce du polyhandicap, assorti d’un sentiment de culpabilité et d’un désir de réparation... se traduisant notamment par le militantisme associatif en vue de la création d’un établissement d’accueil idéal pour l’enfant handicapé.

  • L’observation d’une grande identité de structuration des M.A.S. et d’inadaptations à la fois manifestes et paradoxales de nombreuses structures par rapport à la spécificité du type de prise en charge requise pour les polyhandicapés.

  • Le repérage d’une opposition en miroir entre représentations du législateur et des associations, concernant les M.A.S., leur mode de fonctionnement et leur architecture.

  • Enfin et surtout, l’intrication particulière des dimensions de l’espace et du temps, cette dernière apparaissant suspendue et rabattue dans la spatialité, dernière observation qui a été déterminante.

Nous formulons alors en ces termes l’hypothèse centrale de notre recherche, selon laquelle l’architecture des M.A.S. projetée (et réalisée) par le groupe instituant constituerait un lieu d’accueil, de fixation et de figuration, d’une part de ce que recèle d’impensable et d’irreprésentable le polyhandicap, et d’autre part, des défenses mises en place pour maintenir cette fixation et lutter contre le retour du refoulé... double mouvement dans lequel l’utopie jouerait un rôle déterminant.