2. Méthodologie

2.1 Saisir l’insaisissable...

Le propos central de notre recherche est de nous centrer sur cette double relation origine / actuel, psychique / matériel, dans ce qu’elle manifeste de ses effets à l’aune des activités et du vécu au quotidien de l’institution. Animés par la volonté de rendre compte de la qualité du lien s’établissant entre l’espace architectural tel qu’il a été pensé et construit, puis transmis, d’une part, et ce même espace tel qu’il est reçu, investi et vécu, d’autre part, il nous incombe de nous positionner dans une perspective bien particulière. Face à la matérialité des murs, l’impalpable des formations inconscientes se double d’une dimension encore plus insaisissable : le lien unissant ces éléments de réalité psychique à la dimension matérielle qui semble la conditionner pour partie.

C’est par le biais des représentations que nous entendons aborder cette relation entre espace matériel et espace psychique de l’institution. Ce dont nous souhaitons rendre compte, ce sont des représentations liées aux effets émergeant dans le quotidien de l’équipe – et susceptibles d’en favoriser et/ou d’en paralyser l’action –, portant sur la configuration matérielle des lieux, elle-même résultant des choix initiaux posés en termes d’espace par le groupe instituant.

C’est donc à une double analyse que nous devrons nous livrer, qui tout à la fois relève de la spécificité de l’objet étudié et fait la nouveauté de ce type de recherche. Il s’agira d’une étude terme à terme portant sur un corpus de 17 institutions – des Maisons d’Accueil Spécialisées – situées en Région Rhône-Alpes. L’analyse architecturale des bâtiments nous permettra de rendre compte de la réalité spatiale des institutions, et d’inférer certaines propriétés quant à ce dont ils sont porteurs, du fait du groupe instituant. L’analyse clinique du matériel recueilli auprès des équipes, portant sur les représentations liées à cet espace matériel, nous permettra par ailleurs de cerner les points névralgiques de leur relation à l’espace. De la rencontre entre ces deux analyses apparaîtront, nous l’espérons, les caractéristiques d’un mode particulier de relation entre les usagers et l’espace matériel, relation qui en recouvre en fait une autre : celle entre les usagers d’aujourd’hui et les fondateurs d’hier, dans laquelle l’architecture des lieux est mise en position de médiation, de transmission...