2.2.2.3 Dispositif de recherche et mise en oeuvre

a. Aménagement du dispositif par rapport à la situation de recherche

L’application de la méthode Photolangage© à un dispositif de recherche nécessite quelques aménagements que nous n’allons que signaler ici : outre la création d’un dossier thématique spécifique correspondant au thème abordé – que nous avons signalée et sur laquelle nous reviendrons –, la principale différence avec le dispositif classique repose sur la non-participation du chercheur au choix des photos et à l’échange des points de vue sur les photos présentées, comme c’est parfois le cas des groupes de formation et plus encore des groupes à visée thérapeutique. Par rapport au dispositif classique, son rôle est avant tout celui d’animateur et de régulateur des échanges, à l’écoute des processus qui s’y font jour et mettent éventuellement le cadre à l’épreuve, et qu’il lui incombe de faire respecter, pour être le destinataire privilégié du discours du groupe – celui-ci se trouvant réuni ’à sa demande’. Les participants bien que souhaitant, de façon plus ou moins consciente, tirer bénéfice de cette expérience, à travers une double prime de plaisir et de savoir – être en groupe, échanger à partir de photos, livrer et transmettre sa propre expérience, mais aussi participer à un travail de recherche, pouvoir à travers ce dernier donner du sens, etc. – sont bien présents par et pris dans le désir épistémophilique qui anime le chercheur vis-à-vis du groupe.

Un dernier aménagement, portant moins sur l’utilisation de la méthode, que sur l’organisation générale de la séance de recherche réside dans l’adjonction d’un deuxième temps d’échange, sans médiation, sous forme d’une discussion, au cours de laquelle chacun est libre de reprendre et d’élargir ce qui a été abordé avec le Photolangage©, éventuellement à propos d’éléments qui n’auraient pas été traités à partir des photos. Ce temps d’échange a été proposé de façon relativement empirique, au départ, afin de permettre aux participants – une fois une certaine inhibition levée grâce à l’objet médiateur – d’avoir toute latitude pour évoquer un ’hors-champ’ – ce qui serait en dehors du cadrage opéré par les photographies proposées, ou qui bien que présent, n’auraient trouvé le moyen de s’y déposer... bref, de laisser au processus associatif, développé au fil de la séance par le Photolangage©, libre court pour toucher en d’autres terres, dans un temps de conclusion de la séance 14.

Notes
14.

De cet aménagement du dispositif, mis en place de façon intuitive et très empirique au départ, la clinique montrera toute la valeur, dans les effets qui s’y produisent : de reprise, de ré-élaboration, de synthèse, d’exploration d’autres voies... tous conférant au matériel un ’supplément’ de sens non négligeable pour l’analyse. A cet égard, une piste de recherche s’ouvre ici, qui s’intéresserait à investir l’organisation du processus associatif dans le groupe, ainsi que les productions imaginaires qui caractérisent chaque temps de la séance – avec et sans les photos –, en portant tout particulièrement notre attention sur l’effet de bascule produit par et dans le changement de dispositif.‘ ’