2.3.3 Phasage de la Recherche

L’organisation même de ce chapitre laisse déjà deviner au lecteur la position que nous avons choisi d’adopter quant au phasage de cette recherche... et consécutivement dans la présentation de ce travail non pas comme objet construit et saisissable dans sa synchronie à travers les éléments qui le composent, mais comme processus qui s’inscrit dans une perspective diachronique.

Le caractère transdisciplinaire joue ici un rôle déterminant, dont nous avons déjà entrepris d’expliciter les retombées. Nous allons donc pointer, avant de refermer ce chapitre axé sur la méthodologie, les facteurs qui ont présidé à l’organisation des différentes phases de travail constitutives du processus de recherche.

La nécessité de pouvoir embrasser à partir d’un cadre de référence cohérent, les différentes questions soulevées par notre problématique, et relatives à la confrontation avec le matériel, nous a conduit à mener en premier lieu – dans le droit fil de la phase préparatoire ayant dressé l’état de la question et servi de base à notre travail de problématisation – la construction de notre cadre théorique. Cette élaboration s’est faite en parallèle au recueil du matériel requis pour l’analyse architecturale et son traitement.

C’est en effet par l’analyse typo-morphologique que nous avons débuté, afin, d’une part, que la clinique puisse s’étayer sur les premiers résultats obtenus, à partir du corpus complet des institutions étudiées, pour s’intéresser à celles ressortant comme particulièrement significatives pour mener des études de cas approfondies. Il s’agissait, d’autre part, de permettre d’affiner, à partir des conclusions temporaires issues de l’analyse architecturale, le travail de réflexion sur les hypothèses et les voies de leur mise en travail ultérieure dans la clinique.

Celle-ci ne s’est donc engagée que dans un deuxième temps, s’intéressant essentiellement à quatre institutions, choisies sur la base de traits architecturaux spécifiques et de la rencontre avec les directeurs. Il ne s’est agi dans un premier temps que d’un travail d’analyse clinique au plus près du matériel recueilli, laissant de côté les hypothèses de travail. De même, les cliniques d’appui sont venues, par la suite, nourrir cette phase analytique, pour enrichir les données susceptibles de servir la reprise contradictoire des inférences initiales.

Une fois abouties les deux analyses – architecturale et clinique – nous avons entamé la reprise conjointe des matériels et des résultats dégagés, dans une confrontation transversale permettant la validation de nos hypothèses et, à partir de là, la reprise théorisante des conclusions auxquelles nous pouvions aboutir.

L’importance d’un tel phasage, lié essentiellement à la nature de notre objet de recherche et au parti choisi ici pour l’investir, mais aussi la place privilégiée qu’il s’impose d’accorder au processus plus qu’à l’objet fini – dans le cadre d’une thèse de doctorat – nous amènent donc à en rendre compte, dans ce temps d’écriture, de manière à en restituer la chronologie dans le fil même du propos, invitant le lecteur à nous suivre dans notre démarche. C’est ainsi que, dès à présent, nous allons lui proposer de nous accompagner dans notre voyage vers un ailleurs, en d’autres lieux, en d’autres temps, pour découvrir les terres utopiennes qui ont servi de scène à la construction de notre cadre de référence théorique.