3.1 De l’Utopia à l’utopie

La figure de l’utopie qui s’est largement affirmée dans notre travail, et nous a conduits à en faire le pivot central de notre hypothèse de recherche, concernant tant la réalité psychique qu’architecturale des M.A.S., a été très largement étudiée dans de nombreuses disciplines. En effet, la question de l’utopie est déjà chargée d’une littérature riche, mais celle-ci n’est pas toujours homogène. De l’opacité profuse des contributions existantes, nous devrons dégager un modèle cohérent susceptible d’être appliqué à l’analyse de notre objet d’étude, éclairant la clinique à la lumière d’un cadre théorie ordonné.

Pour ce faire, il s’agit d’abord d’opérer un retour au paradigme même du genre utopique, afin d’en cerner les caractéristiques intrinsèques, par un travail d’analyse critique des nombreux apports qui existent aujourd’hui concernant l’utopie... ce néologisme apparu en 1516, né de l’imaginaire d’un Chancelier d’Angleterre. Après avoir donné succinctement la substance de l’oeuvre moréenne : Utopia (Mote T., 1516) qui nous semble incontournable dans le cadre de ce travail de modélisation, nous tenterons alors de cerner ce qui, de la spécificité de l’oeuvre, nous permet de passer au concept théorique.

C’est ainsi que nous présenterons les travaux retenus parmi les différentes approches existantes de l’utopie, en vue de constituer notre propre modèle, pertinent au regard de l’analyse transdisciplinaire qui est la nôtre. Cette modélisation personnelle de l’utopie, dans l’articulation entre architecture et réalité psychique, trouvera ensuite ses illustrations dans les grands axes thématiques qui se dégagent du texte princeps de T.More, à la lumière d’une lecture clinique.