3.2.1 Approches psychanalytiques de L’institution

Nous ne ferons ici que signaler l’importance que nous accorderons dans le développement ultérieur de notre travail, aux approches psychanalytiques de l’institution ³⁹. Pour faire lien avec notre problématique, soulignons à la suite de R.Kaës, qu’il existe plusieurs types de souffrance dans les institutions, dont certaines associées à un trouble « de la fondation et de la fonction instituante » (1987, p. 41). Dans le droit fil de nos hypothèses, c’est bien dans cette perspective qu’il s’agira de développer notre analyse : voir en quoi une souffrance actuelle renverrait à une défaillance originelle dans la fonction et l’acte d’instituer, et à ce qui a pu à cette occasion être incrusté de violent et d’excessif, dans l’architecture, des désirs et défenses, des illusions ou des angoisses des fondateurs. R.Kaës n’évoque-t-il pas l’importance, pour les institutions, de pouvoir « se former une représentation de leur origine » ? « Elles ont aussi besoin d’imaginer une utopie, un non-lieu de l’institution, une figure de sa négativité. A défaut de l’imaginer, nous dit-il, elles risquent de l’inscrire dans leur fonctionnement » (ibid.). Pour notre part, nous serons amenés à interroger, sur la base d’une investigation clinique de l’institution, la place de l’utopie comme projet de fondation et comme mode de fonctionnement réel de l’institution. Autant dire que l’appui que nous pourrons trouver sur les contributions existant aujourd’hui sur l’institution, sa fondation, la réalité psychique institutionnelle, la souffrance dans les liens institués, sera pour nous fondamental.

Cependant, notre hypothèse soulevant la question d’une réplication spéculaire, par le biais de l’utopie fondatrice des M.A.S., de l’institution asilaire, il est de notre devoir de porter ici plus particulière-ment notre attention aux travaux d’un chercheur qui, outre-Atlantique, s’est attaché à en construire le modèle d’intelligibilité : celui de l’institution totalitaire.