4.1.3.1 Observation méthodique et Morphométrie

Dans le cadre de cette recherche, nous sommes parti d’un constat fort simple, socle des démarches classificatoires, en analyse architecturale entre autres : « ce qu’un objet isolé ne permet pas de comprendre, une série où celui-ci prend place, le suggère » (Duprat B., 1991, p. 97). La classification méthodique permet donc d’atteindre une connaissance autrement difficile à obtenir : à cet égard, « le procédé n’est pas seulement didactique, il augmente l’intelligibilité de ce que l’on observe, renouvelle l’observation, et, récursif, il suggère de nouvelles questions » (ibid.).

La présentation qui a été faite dans le cadre de notre chapitre consacré à la méthodologie, s’appuyait sur une méthode d’analyse architecturale reposant sur l’observation méthodique, c’est-à-dire sur la discrétisation, par le chercheur, d’unités d’analyse, de segments morphologiques, structurels, topologiques isolables au sein des objets étudiés, et pouvant faire l’objet d’un repérage et d’une comparaison systématique d’un spécimen à l’autre. Ceci pose bien entendu des questions d’ordre méthodologique et épistémologique. Il en va de même du travail d’explicitation des propriétés dégagées par l’analyse. En effet, comme le dit M.Paulin, « la ’tendance’ à donner à l’interprétation dépend toujours du manipulateur et de sa capacité à emmagasiner des traits et des faits de tous niveaux et de tous ordres. En tout état de cause, la démarche doit rester ’réversible’ à chaque instant, et, pour cela, les ’pas’ effectués entre ces ordres et niveaux doivent être scrupuleusement contrôlés » (1991, p. 117).

Ces réflexions contribuent ainsi à renforcer la position adoptée ici de rendre compte de la façon la plus complète possible de cette phase de travail. Mais elles viennent aussi justifier du choix que nous avons opéré de faire précéder notre analyse exhaustive du corpus par le biais d’une analyse fondée sur l’observation, d’une méthode de caractérisation automatique des formes, dite aussi : morphométrie. Celle-ci repose en grande partie sur la mise au point très récente d’un outil d’analyse informatique par A.BenSaci 51, que nous présenterons au fur et à mesure de son exploitation.

De la complémentarité et de la confrontation de ces deux méthodes, nous espérons bien tirer de riches enseignements concernant les objets architecturaux que sont les M.A.S., « l’analyse typologique d’un corpus d’objets [n’ayant] d’intérêt que si elle produit une connaissance radicalement différente de celle initialement attachée à ces objets » (Paulin M., 1991, p.107).

Pour que se réalise un tel objectif, le traitement des données obtenues par ces analyses requiert une attention particulière. Aussi nous y arrêterons-nous rapidement.

Notes
51.

Architecte, Docteur en Philosophie, chercheur du Laboratoire d’Analyse des Formes, Ecole d’Architecture de Lyon.