4.3.3.3 Caractérisation des objets architecturaux : morphologie et surfaces

Nous allons ici tenter d’approcher les liaisons pouvant exister entre certaines caractéristiques morphologiques et/ou surfaciques afin de commencer à dégager des principes structurant les objets architecturaux du corpus tels qu’ils ont été conçus. Une première remarque, qui servira de transition entre le précédent point abordé – le contexte de création des spécimens – concerne la variable historique. Les tableaux de contingence réalisés par croisement des variables Mo-BAT (type de plan de bâtiment) / Si-PER (période de création) et Mo-UNI (type de plan des unités) / Si-PER (période de création) ne font pas apparaître de lien privilégié entre ces deux variables. Pour ce qui est des premières, le corpus n’est pas assez large et certains types trop peu représentés pour conclure à une relation type architectural / période historique. Pour ce qui est des secondes, l’éclatement de l’effectif est complet, ce qui tendrait a priori à ne pas reconnaître de lien privilégié entre la conception du fonctionnement d’une unité d’hébergement – à travers la spatialisation qui en est proposée dans le projet – et une période donnée. Tout au contraire, presque tous les types se rencontrent au fil du temps, de 1975 à nos jours.

Cette précision faite, nous allons nous intéresser, indépendamment du contexte, aux couples de variables semblant caractériser au mieux les lois morphologiques propres au corpus étudié. Nous aborderons successivement deux échelles d’étude : le bâtiment dans son ensemble et l’unité d’hébergement.

Tableaux de contingence sur les variables liées au bâtiment : Un des caractères majeurs mis en avant par l’analyse morphométrique des spécimens correspond au niveau de compacité du plan. Nous allons donc voir si les modalités de cette variable correspondent à des types précis de plan de bâtiment (tableau Tc-6).

Tout d’abord, précisons que la faible représentation du type circulaire (3 spécimens sur 17) ne permet pas de repérer de lien particulier. Par contre, pour ce qui est du type linéaire, on remarque d’emblée que les modalités simple / multiple se partagent assez équitablement par rapport à la modalité du MP-c : plan compact (57,1 % pour LinS et 42,9 pour Lin-M). Si l’on se rappelle que 3 des spécimens réunissant les modalités MP-c et LinS ont été bâtis à partir d’un même modèle, on peut conclure qu’il n’existe pas à priori de lien entre un niveau de compacité élevé du plan et un type morphologique particulier de plan.

Plus encore, l’examen de la colonne Lin-M permet de noter une répartition équilibrée des 53,0 % de spécimens du corpus caractérisés par ce type de plan, selon les trois niveaux de compacité (33,3 % pour chaque). Un type linéaire à ramifications multiples peut donc présenter une forte compacité ou un fort éclatement. Par contre, ce type de plan très ramifié est de façon privilégiée celui qui est le plus rencontré dans le cas d’un fort éclatement (MP-e : 60,0 %).

Tableau de contingence 6 : Tc-6 - Mo-BAT/Mo-COM
Tc-6 Mo-BAT – Type de plan du bâtiment
Eff. Circ LinS LinM
% Mo-COM Circulaire Linéaire Simple Linéaire Multiple
% Mo-BAT Ensemble
Mo-COM – Compacité du plan MP-c 0 4 3 7
Plan compact 0,0 57,1 42,9 100,0
0,0 80,0 33,3 41,2
MP-m 2 0 3 5
Plan à compacité moyenne 40,0 0,0 60,0 100,0
66,7 0,0 33,3 29,4
MP-e 1 1 3 5
Plan éclaté 20,0 20,0 60,0 100,0
33,3 20,0 33,3 29,4
3 5 9 17
17,6 29,4 53,0 100,0
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0

Ces résultats permettent donc de conclure à une certaine indépendance des deux variables qui, apparemment faiblement corrélées entre leurs modalités, ne déterminent pas de couple prédominant type de plan / niveau de compacité... si ce n’est ceux – et de façon logique – réunissant les extrêmes de chaque variable. Mais tous les cas de figure, nous le voyons, existent – les moins évidents n’étant pas les plus isolés. L’examen du croisement des variables Mo-BAT : type de plan / Su-SHB : surface de bâtiment, vient appuyer ces conclusions, la corrélation compacité du plan / surface habitable étant assez élevée.

Voyons maintenant les liaisons existant entre type de plan du bâtiment et des unités (Tc-7). Si l’on excepte la forte corrélation des modalités SDd / LinM, dont on a vu qu’elles étaient très liées à la modalité ’association de parents’ du signalétique, on note l’existence d’une assez large distribution des effectifs dans le tableau, ce qui plaide en faveur d’une certaine indépendance des deux types de plan, des unités de type STd, STi et SLi pouvant indifféremment se trouver combinée avec n’importe quel plan de la typologie des bâtiments.

Tableau de contingence 7 : Tc-7 - Mo-BAT/Mo-UNI
Tc-7 Mo-BAT – Type de plan du bâtiment
Eff. Circ LinS LinM
% Mo-UNI Circulaire Linéaire Simple Linéaire Multiple
% Mo-BAT Ensemble
Mo-UNI – Type de plan des unités SDd 0 0 5 5
Distributif direct 0,0 0,0 100,0 100,0
0,0 0,0 55,6 29,4
STd 1 1 2 4
Traversant direct 25,0 25,0 50,0 100,0
33,3 20,0 22,2 23,5
STi 1 1 1 3
Traversant indirect 33,3 33,0 33,3 100,0
33,3 20,0 11,1 17,6
SIi 1 3 1 5
Isolé indirect 20,0 60,0 20,0 100,0
33,3 60,0 11,1 29,4
3 5 9 17
17,6 29,4 53,0 100,0
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0

Caractérisation des unités d’hébergement : La première question à laquelle nous souhaitons avoir des éléments de réponse, à propos des unités, concerne le lien entre plan et taux d’occupation : peut-on s’attendre à trouver une organisation spatiale spécifique en fonction du nombre d’usagers ? Ceci a priori pourrait justifier l’importance accordée aux plans de type SDd : séjour distributif direct, faisant l’impasse sur les dispositif spatiaux de transition entre locaux collectifs et privés, dans le cas de faibles taux d’occupation.

Or, le tableau de contingence correspondant (Tc-8) laisse peu de chance à cette hypothèse de se trouver validée. Mettant de côté le cas du taux exceptionnel de 15 résidents / unité, on remarque que les effectifs se trouvent particulièrement équilibrés entre taux faible (To09) et taux moyen (To12), et que l’un et l’autre présente une dispersion sur l’ensemble des modalités de la variable ’type de plan des unités’. Nous l’avons vu précédemment, le choix de tel ou tel type ne semble ainsi pas dicté par le type de plan du bâtiment pris dans sa globalité (déterminant morphologique). Nous constatons ici qu’il n’est pas non plus lié au taux d’occupation de l’unité, déterminant du signalétique dont on sait la forte composante dimensionnelle dans le programme. Le tableau de contingence croisant plan des unités avec la variable Su-SUM : surface moyenne des unités, vient d’ailleurs à l’appui de ce constat, une petite unité de moins de 250 m² (Sum1) pouvant aussi bien se trouver conçue sur un plan de type SDd que de type SIi. De même, un plan de type STi se rencontre également dans des unités de faible, de moyenne et de grande surface (Sum1, Sum2 et Sum3 à 33,3 %).

Tableau de contingence 8 : Tc-8 - Si-TAU/Mo-UNI
Tc-8 Si-TAU – Taux d’occupation des unités
Eff. To09 To12 To15
% Mo-UNI de 8 à 10 résidents de 11 à 13 résidents de 15 résidents
% Mo-TAU Ensemble
Mo-UNI – Type de plan des unités SDd 3 2 0 5
Distributif direct 60,0 40,0 0,0 100,0
37,5 25,0 0,0 29,4
STd 2 2 0 4
Traversant direct 50,0 50,0 0,0 100,0
25,0 25,0 0,0 23,5
STi 1 1 1 3
Traversant indirect 33,3 33,3 33,3 100,0
12,5 12,5 100,0 17,6
SIi 2 3 0 5
Isolé indirect 40,0 60,0 0,0 100,0
25,0 37,5 0,0 29,4
8 8 1 17
47,1 47,1 5,8 100,0
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0