5.1 De la typologie aux types

5.1.1 La typologie architecturale

5.1.1.1 Typologie ou typologies ?

La multiplicité et la complémentarité des analyses auxquelles nous nous sommes livrés, et qui firent l’objet du précédent chapitre, pour atteindre une compréhension la plus profonde possible du corpus et de ses lois de structuration, nous a amenés à dégager un certain nombre de résultats.

Certains d’entre eux se complètent et se tempèrent sur un même registre, ce qui permet d’en opérer la synthèse sans grande difficulté méthodologique et sans obstacle épistémologique : on pense, par exemple, à la mise en avant du facteur ’compacité de la forme architecturale’ (variable Mo-COM), tant à partir de l’analyse en composantes principales que de l’analyse des correspondances multiples. Si les classes obtenues diffèrent par certains points, c’est plus à partir de la fusion ou du découpage interne de certaines – allant vers un plus grand pouvoir de synthèse ou, a contrario, une plus grande finesse de catégorisation – que se situent les différences, et sur ce point que devra porter la discussion.

Par contre, il est certaines propriétés plus difficilement conciliables, mais pourtant tout aussi déterminantes du point de vue des informations qu’elles nous livrent quant aux spécimens et à l’ensemble qu’ils constituent. On pense par exemple à la particularité des lois de conformation architecturale des unités – différenciation morphologique et type de plan – très liées au type de maîtrise d’ouvrage... corrélation peu mise en avant lors de l’examen des autres propriétés. Aussi, se pose la question de l’établissement, sur cette base, d’une seule typologie rendant compte de façon homogène des résultats des précédentes analyses.

Les chercheurs qui se sont intéressés, au-delà de la seule analyse architecturale de nature typo-morphologique, aux conditions scientifiques de construction des édifices typologiques permettant d’en rendre compte, ont pointé eux aussi ce problème, possible pierre d’achoppement du travail de recherche en la matière. Face à ces cas où multiples sont les registres d’explicitation possible d’un corpus, il convient d’admettre qu’il y a « autant de typologies que d’ensembles architecturaux définissables, et [plus encore, qu’il y a] plusieurs typologies pour un ensemble architectural donné, selon les niveaux de structuration ou les éléments concernés » (Pinon P., 1991, p. 56).

Plutôt qu’une typologie, très synthétique mais s’efforçant de rendre compte à travers une même classification de facteurs non cohérents entre eux, il faut donc préférer des typologies, proposant différentes réorganisations possibles du corpus en fonction des divers éclairages que l’on souhaite porter sur lui. Partant du principe qu’au-delà du simple réaménagement de l’ensemble en classes, « toute typologie doit être qualifiée » (ibid.), la pertinence de la pluralité des typologies dressées à partir d’une même collection d’objets se verra validée dans la complémentarité qui les caractérise, à partir de la qualification même de chacune d’entre elles. C’est donc cette démarche que nous nous devons d’entreprendre ici, comme préalable à la définition des types permettant de rendre compte de notre corpus.