6.4.3.2 Le regard d’Isabelle : le véritable lieu du discours du groupe

Nous aurions pu aborder cette question dans la partie précédente, les questions soulevées par la position d’Isabelle dans sa communication visuelle s’articulant profondément au choix de photo qu’elle a fait, mais aussi parce que le dispositif sollicitant le visuel, l’image, au plus proche de la sensation corporelle, nous impose d’accorder à la communication non-verbale, et à la relation à l’objet médiateur, toute sa signification. Pourtant, le sentiment d’étrangeté généré en moi pendant la séance, rendant impérieux la recherche de sens à cette présence-absence du regard d’Isabelle, m’a amené à engager en grande partie à partir de celle-ci le travail d’exégèse portant sur l’imaginaire sous-jacent aux échanges du groupe. Bien plus, il semble, et c’est ce que l’on va montrer, que le véritable lieu du discours du groupe soit contenu principalement dans le jeu du regard d’Isabelle, adressant au spectateur un supplément de sens indispensable à la compréhension des productions fantasmatiques, et fournissant au clinicien une clé d’interprétation puissante. Isabelle semble faite ici ’porte-regard’ privilégiée du groupe, qui donne à voir ses fantasmes, donc se donne à voir à travers elle, dans l’écart ou la congruence qui se crée entre son discours verbal et son niveau de communication visuelle. Voyons cela de plus près.