7.3.2.2 Une architecture qui porte trace du rejet des différences fondamentales

La description spatiale de l’U.V.A.H. Les Sablines met en avant une organisation modulaire et répétitive que le plan illustre parfaitement. Toutes les chambres, à une transformation symétrique près, sont identiques ; il en va de même des 8 espaces ’familles thérapeutiques’, réparties sur deux niveaux. Du bâtiment, la famille thérapeutique constitue « le module de base », celui qui lui est adjacent étant strictement « voisin et identique » (ibid.). On voit ainsi le sort réservé à la différenciation dans ce projet, dont le dispositif spatial porte trace : modularité, uniformité, répétition, identité – sur le pôle de l’identique. L’identitaire, au sens de l’unique, de la différence, est totalement absent. Même les locaux dont les fonctions sont spécifiques (administratives, thérapeutiques, récréatives...) se trouvent englobés dans les mêmes unités formelles ; le découpage interne des cloisons esquissant un semblant de différenciation et d’adaptation des espaces aux activités qu’ils sont censés accueillir.

Si l’altérité semble parfois reconnue, sur le plan manifeste dans le texte, la différence – la double différence générationnelle / sexuelle – est par contre totalement passée sous silence : s’adressant à des adultes handicapés, ce projet ne pose pas la question de la mixité, de l’intimité, de la privacité. On a seulement affaire à des chambres individuelles versus des locaux collectifs... ce qui ne fait que poser la question relationnelle en termes d’opposition individu / groupe, mais en aucun cas dans une perspective génitalisée prenant acte des différences fondamentales.

Espace exempt d’orientation et d’axe de composition, le bâtiment est centré, prenant la forme d’une croix inscrite dans la circularité de ses limites par rapport à l’extérieur. Il concentre en l’intersection de ses branches tous les locaux communs. L’exact centre est occupé par un vide, un creux, qui ordonne les circulations verticales et prend en perspective toutes les circulations horizontales dans un système panoptique. Ces derniers caractères, mis en échos avec l’indifférenciation déjà relevée plus haut nous incitent ainsi à reprendre le texte ; c’est essentiellement dans celui-ci que l’on peut repérer les affleurement de l’autosuffisance de cette micro-société que constitue l’U.V.A.H., du lieu de contrôle et de repli défensif et comblant qu’elle procure... éléments qui donnent toute sa mesure à l’imago maternelle archaïque sous-jacente.