9.1.2 Sh 3 : La Surdétermination de l’ Espace comme Suture du Temps

L’importance considérable qui semble caractériser la dimension matérielle dans ce qui fait souffrance dans les M.A.S. va ici nous préoccuper. Cependant, le repère temporo-spatial qui caractérise le terrain de déploiement de nos expériences et de notre vécu, sur la scène de la réalité, doit nous amener à nous intéresser aussi à la dimension temporelle.

D’ailleurs, à la suite d’A.Ciccone, on ne peut pas ne pas souligner « le rapport particulier au temps qu’impose le handicap : le temps est immobilisé ; cet enfant-là sera un enfant pour toujours » (1999, p. 139). Dans les M.A.S., et du fait du système utopique qu’on postule leur être sous-jacent, il s’impose donc d’interroger le rapport particulier au temps et à l’histoire que semble générer la surdétermination de l’espace.

Rappelons, à cet effet, la formulation de notre troisième sous-hypothèse qui rend compte de notre questionnement à ce propos :

Le recours à l’utopie permettrait de faire l’économie d’une mise en pensée de la réalité du handicap sur l’axe temporel – régression, risque de mort – en adoptant le mode de suture du temps qu’elle propose dans et par l’espace. La surdétermination de la dimension spatiale engagerait ainsi la fonction de l’architecture comme lieu d’accueil et de fixation du psychique dans le matériel.

Du fait du passage brut des contenus psychiques qui s’effectue depuis la sphère fantasmatique vers la réalité, on assisterait à l’incrustation de modalités défensives mises en jeu contre le traumatisme du polyhandicap, dans les murs mêmes de l’institution ; l’architecture en serait ainsi faite lieu de figuration, à travers des caractéristiques privilégiées.